Guinée: deux mois après la grâce de Dadis Camara, une mission de la CPI à Conakry

Depuis le massacre de plus de 150 personnes et le viol d’une centaine de femmes, dans le stade de Conakry, sous le régime du capitaine Moussa Dadis Camara, la Cour pénale Internationale accompagne les autorités dans l’organisation du procès du 28 septembre. Une délégation de la CPI séjourne actuellement à Conakry, alors que l’ex-président a été récemment gracié par le chef de la junte au pouvoir.

Comme chaque année, la Cour pénale Internationale accompagne la Guinée Conakry dans l’organisation du procès du 28 septembre marquée en 2009 par le massacre de plus de 150 personnes et le viol d’une centaine de femmes, dans le stade de Conakry. Actuellement en séjour dans le pays, la visite de la délégation de la CPI intervient, alors que la capitaine Moussa Dadis Camara, condamné pour crimes contre l’humanité dans le cadre de ce procès a été gracié par le général Mamadi Doumbouya.

C’est la dixième mission d’évaluation de la Cour pénale Internationale enregistrée à Conakry, capitale de la Guinée Conakry, depuis qu’elle s’est penchée sur le massacre du 28 septembre 2009. L’objectif est de s’assurer que l’engagement des autorités guinéennes à rendre justice est respecté.

Il y a trois ans, lors d’un déplacement qui marquait aussi l’ouverture de ce procès, le procureur de la CPI, Karim Khan s’était félicité  » de l’ouverture du procès 13 ans plus tard », une disposition contenue dans le mémorandum d’accord signé entre son bureau et le président de transition Mamadi Doumbouya, alors colonel.

Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts, notamment la mesure de grâce accordée à Moussa Dadis Camara, principal acteur dans ce procès. Il y a deux mois et ce, moins d’un an après sa condamnation pour  » crimes contre l’humanité », l’ex-président a été gracié pour des raisons de santé par le désormais général Mamadi Doumbouya. De quoi fragiliser le mémorandum qui dispose dans son article 4, que la CPI pourrait se saisir elle-même du dossier si elle constate » toute mesure susceptible de nuire fortement à l’avancement de la justice des procédures judiciaires ou toute obstruction au bon fonctionnement de la juridiction concernée ».

Les victimes de ce massacre ne cache d’ailleurs pas leur déception après cette mesure de grâce présidentielle survenue après une décision définitive dans une affaire judiciaire.  » Tandis que tout le monde attendait l’ouverture du procès en appel, cette grâce(…) viole les principes les plus basiques en matière de procès équitable, dans la mesure où la décision de grâce est intervenue alors que la procédure n’avait pas atteint une phase définitive dans cette affaire », déplore Alseny Sall, chargé de Communication de l’OGDH qui représente les victimes.

L’organisation s’offusque aussi sur  » un choix sélectif » des autorités quant à l’indemnisation des victimes. Seules 334 sont concernées, alors que 500 étaient parties civiles au procès.

Les premières indemnisations des victimes du 28 septembre au stade de Conakry ont donné lieu à une cérémonie organisée dans la capitale mardi 13 mai. La procédure d’indemnisation ne fait effectivement que commencer puisqu’au cours des prochaines semaines, plus de 300 personnes doivent recevoir les réparations qu’elles attendent depuis longtemps. Le décret prévoyant que l’indemnisation des victimes serait prélevé sur le budget de l’État guinéen remonte au 26 mars dernier, deux jours avant l’annonce de la grâce de Moussa Dadis Camara.

L’ancien dirigeant guinéen au pouvoir entre 2008 et 2009 avait été condamné le 31 juillet à 21 ans de prison pour crimes contre l’humanité dans le cadre du procès du massacre du 28 septembre au grand stade de Conakry. Dans un décret lu à la télévision guinéenne dans la soirée du vendredi 28 mars, le chef de la junte au pouvoir en Guinée, le général Mamadi Doumbouya, lui a accordé une grâce présidentielle.

Deux semaines après avoir été gracié, Moussa Dadis Camara a quitté la Guinée dans la nuit du dimanche 13 au lundi 14 avril, s’envolant pour le Maroc. Un de ses proches avait confié à l’AFP qu' »il va revenir au pays dès la fin de ses examens médicaux et éventuellement des traitements ».

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