L’infirmière ghanéenne Naomi Oyoe Ohene Oti a remporté le prix Aster Guardians Global Nursing 2025, qui désigne chaque année le meilleur infirmier ou la meilleure infirmière au monde. Cette distinction, décernée le 27 mai à Dubaï, vient saluer son engagement dans le traitement des patients atteints de cancer, ainsi que ses contributions concrètes à l’amélioration des pratiques cliniques dans son pays.
Exerçant au Korle-Bu Teaching Hospital, le plus grand établissement hospitalier du Ghana, Naomi Oyoe Ohene Oti a été choisie parmi plus de 100 000 professionnels issus de 199 pays, selon les chiffres officiels fournis par les organisateurs. Elle devient ainsi la première femme africaine à remporter cette reconnaissance internationale.
Le prix Aster Guardians, créé par le groupe Aster DM Healthcare, a pour objectif de valoriser le travail des infirmiers à l’échelle mondiale, en mettant en lumière des parcours exemplaires dans un secteur souvent relégué au second plan des politiques publiques. En effet, dans de nombreux pays du Sud comme du Nord, les soins infirmiers sont encore largement sous-valorisés, tant en termes de rémunération que de reconnaissance institutionnelle.
Dans ce contexte, le parcours de Naomi Oyoe Ohene Oti attire l’attention sur la situation du personnel soignant en Afrique subsaharienne. Si la région affiche un ratio d’environ 1 infirmier pour 1 000 habitants, selon les données de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ce chiffre reste bien en-deçà de la moyenne mondiale, estimée à 3,8 pour 1 000. À titre de comparaison, les États-Unis d’Amérique enregistrent un ratio supérieur à 11 pour 1 000.
Malgré ce sous-effectif chronique, les soignants africains continuent d’assurer une grande partie de la prise en charge médicale dans des environnements marqués par le manque de ressources, d’équipements et de dispositifs de formation continue. L’exemple de Naomi Oyoe Ohene Oti illustre la capacité des professionnels africains à déployer une expertise de haut niveau dans des conditions souvent difficiles.
Ce prix soulève également des questions quant à l’engagement des gouvernements africains et de leurs partenaires internationaux en matière de financement de la santé publique. Alors que les pays de l’Union européenne et les États-Unis d’Amérique mettent en œuvre depuis plusieurs années des plans de soutien à la formation paramédicale, les pays africains peinent encore à structurer des systèmes de soins durables, accessibles et centrés sur la qualité.
Selon plusieurs observateurs, cette distinction devrait inciter les États africains à intégrer davantage les soins infirmiers dans les stratégies nationales de développement sanitaire. Car au-delà de l’excellence individuelle, c’est bien l’enjeu systémique de la professionnalisation des soins de santé qui est posé.
La reconnaissance accordée à Naomi Oyoe Ohene Oti est également porteuse d’un message politique. Elle remet en cause les hiérarchies implicites du monde de la santé, dans lesquelles les savoirs africains sont rarement considérés comme des références internationales. En remportant ce prix, l’infirmière ghanéenne ouvre la voie à une redéfinition des normes d’excellence en matière de soins, en montrant qu’elles ne sont pas l’apanage des pays du Nord.
Elle incarne ainsi une Afrique compétente, formée, opérationnelle, dont le potentiel humain mérite d’être soutenu et reconnu à sa juste valeur.