Mongolie: après un vote de confiance perdu sur fonds de soupçons de corruption, le Premier ministre démissionne

Le Premier ministre mongol Luvsannamsrain Oyun-Erde a démissionné mardi 3 juin, prenant acte d’une motion de censure approuvée par le parlement après des semaines de manifestations dans la capitale à la suite des allégations de corruption contre le dirigeant.

M. Luvsannamsrain Oyun-Erde a fait l’objet d’un vote de confiance défavorable au Parlement de Mongolie, mardi 3 juin. La chute de son gouvernement ouvre une période d’incertitude dans un pays où la colère monte en raison de l’augmentation du coût de la vie et de la gestion des affaires publiques.

Arrivée au pouvoir depuis quatre ans, Oyun-Erde se voyait reprocher les cadeaux fastueux offert par son fils âgé de 23 ans à sa petite amie, qui avait eu la maladresse d’en publier les photos par la suite sur les réseaux sociaux. Dans une nation où la majeure partie de la population est à la peine économiquement, la scintillante bague de fiançailles, les sacs à main de marque de luxe et une Mercedes ont fait tâche, renforçant une polémique sur le train de vie de la famille du premier ministre.

« Ce fut un honneur de servir mon pays et mon peuple dans des périodes difficiles, avec notamment des pandémies, des guerres et des droits de douanes » a déclaré M. Oyun-Erde après le résultat du vote. Pour autant, cet ancien avocat de 44 ans va rester Premier ministre intérimaire jusqu’à ce que son successeur soit nommé dans les 30 jours, a expliqué un communiqué du Parlement.

La Mongolie, pays aux ressources naturelles abondantes enclavé entre la Chine et la Russie, est confrontée depuis des décennies à une corruption endémique qui gangrène ses institutions. Une partie de la population estime que les richesses issues de l’exploitation minière, notamment du charbon, sont accaparées par une élite politique et économique restreinte.

À Oulan-Bator, la mobilisation ne baisse pas pour autant. Mardi alors qu’on annonçait le verdict de la motion de confiance du Premier ministre, une dizaine de jeunes manifestants se sont à nouveau réunis devant le Parlement en brandissant des pancartes sur lesquelles ont pouvait lire  » il est facile de démissionner », a indiqué l’AFP.

C’est un grand pas qui a été fait et pour certains observateurs l’avenir de la Mongolie en dépendait.  » La mobilisation des jeunes a porté ses fruits » s’est félicité Unur Sukhbatar, chercheur en économie politique. Il a confié à l’AFP que  » le fait de manifester et d’unir nos voix en faveur d’un changement en profondeur prouve que la démocratie mongole est bien vivante ».

Dirigée depuis le scrutin de l’an dernier par un gouvernement de coalition à trois partis, mis en place après que le Parti du peuple mongol de Oyun-Erde a perdu une partie importante de sa majorité. Sauf que le mois dernier, le PPM a exclu de la coalition la deuxième force politique, le Parti démocrate, après que certains de ses jeunes députés ont soutenu les appels à la démission du Premier ministre.

Selon Julian Diekers, de l’Université de Mannheim en Allemagne, le départ du Premier ministre pourrait marquer le retour d’une politique factionnelle au sein du PPM après des années de relative stabilité. Il ne pense pas à un possible changement de politique de la part du gouvernement à venir surtout en matière de lutte contre la corruption.

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