Irlande : vers l’exhumation de 796 bébés morts dans un foyer religieux pour mères célibataires

En 2014, l’historienne Catherine Corless révélait que 796 enfants avaient été inhumés anonymement sur le site d’une ancienne maison pour mères célibataires, tenue par des religieuses en Irlande. Onze ans plus tard, les premières exhumations devraient commencer dans les prochaines semaines.

Lorsque Catherine Corless révélait que 796 enfants avaient été inhumés anonymement dans un foyer en Irlande  » personne ne voulait écouter » se rappelle l’historienne. Plus de dix ans plus tard, les premières exhumations vont commencer.

Ce Lundi 16 juin , des experts boucleront le périmètre de l’ancienne fosse sceptique du foyer St Mary des sœurs du Bon Secours. Objectif: procéder aux recherches dès le mois de juillet.

Tout commence en 2014. Cette année-là, Catherine Corless met au jour des preuves attestant du décès de 796 enfants – des nouveau-nés jusqu’à l’âge de neuf ans – dans ce foyer située dans une petite ville située à 220 kilomètres de Dublin. Ses recherches ont conduit à une découverte macabre : une fosse commune. L’institution a été rasée en 1972 et a laissé place à un lotissement. La fosse sceptique, elle, est restée intacte.

« Illégitimes« 

Lorsque les recherches de Catherine Corless ont été publiées, elles ont provoqué une onde de choc en Irlande, révélant de manière brutale le traitement réservé aux enfants nés hors mariage.

Pendant des décennies, la société, l’État et l’Église catholique – qui a historiquement eu une main de fer sur les comportements en Irlande – ont relégué les femmes enceintes non mariées dans des « maisons mère et enfant ». Après l’accouchement dans ces institutions, les enfants étaient séparés de leur mère, puis souvent adoptés. A la suite des révélations de Mme Corless, des enquêtes ont été lancées dans le pays. Elles ont établi que 56.000 femmes célibataires et 57.000 enfants sont passés par 18 foyers de ce type entre 1922 et 1998. Parmi eux, environ 9.000 enfants sont morts.

Certaines de ces maisons étaient financées et gérées par les autorités sanitaires locales, d’autres par les ordres religieux catholiques. Le foyer de Tuam, lui, était administré par les sœurs du Bon Secours.

Malgré la découverte de premiers restes humains en 2016 et 2017, il a fallu attendre 2022 pour qu’une loi autorise officiellement les fouilles. En 2023, une équipe a enfin été nommée pour mener les opérations à Tuam. Sa mission : retrouver, identifier et inhumer dignement les restes qui seront exhumés. Des échantillons ADN seront prélevés auprès de personnes capables d’attester un lien familial avec les bébés morts dans ce foyer.

Avec l’AFP.

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