Mort de Matthew Perry : le médecin principal plaide coupable pour distribution illégale de kétamine

Le décès soudain de l’acteur états-unien Matthew Perry en octobre 2023, célèbre pour son rôle dans la série Friends, avait profondément choqué le public. Près de deux ans plus tard, l’enquête judiciaire a mis au jour un réseau complexe d’abus médicaux et de trafic de substances contrôlées, impliquant plusieurs proches et professionnels de santé de l’acteur. Au cœur de ce dispositif, le médecin Salvador Plasencia vient d’accepter de plaider coupable pour la distribution illégale de kétamine, un anesthésique aux usages thérapeutiques encadrés, mais détourné ici à des fins dangereuses.

Matthew Perry était engagé dans un traitement expérimental par kétamine pour soigner une dépression chronique, une pratique de plus en plus répandue aux États-Unis d’Amérique ces dernières années. La kétamine, d’abord utilisée en anesthésie, suscite en effet un intérêt croissant pour ses effets rapides sur certaines formes sévères de dépression résistante. Mais son administration exige un cadre médical strict, avec des doses rigoureusement contrôlées et une surveillance permanente des patients.

Or, les enquêteurs ont découvert que Salvador Plasencia avait largement outrepassé ces limites médicales. Sur plusieurs semaines, le praticien a livré à l’acteur près de vingt flacons de kétamine, ainsi que des pastilles et des seringues pré-remplies, parfois directement à son domicile ou sur des parkings. Aucun protocole thérapeutique sérieux ne justifiait ces livraisons massives.

L’affaire dépasse largement le seul médecin prescripteur. Quatre autres personnes, aujourd’hui inculpées, ont participé à ce trafic médicalisé :

  • Mark Chavez, autre médecin impliqué, fournissait à Plasencia les stocks de kétamine nécessaires.
  • Kenneth Iwamasa, assistant personnel de Perry, réalisait les injections malgré son absence de qualification médicale.
  • Erik Fleming, ami proche de Perry, servait d’intermédiaire pour l’obtention des substances.
  • Jasveen Sangha, surnommée « la reine de la kétamine », aurait fourni la dose fatale retrouvée dans le corps de l’acteur.

Tous, à des degrés divers, ont déjà plaidé coupable ou sont en cours de procédure. Seule Jasveen Sangha attend encore son procès, prévu en août prochain.

L’enquête a révélé un mobile financier sans ambiguïté. Par messages interposés, Salvador Plasencia se vantait cyniquement des revenus tirés de cette relation dangereuse avec Perry. Derrière une façade médicale, c’est bien une logique de profit qui animait ce réseau, exploitant la vulnérabilité psychologique d’un patient célèbre.

Le médecin encourt aujourd’hui une peine pouvant atteindre 40 ans de prison et jusqu’à 2 millions de dollars d’amende.

Cette affaire illustre une dérive bien plus large du système médical des États-Unis d’Amérique. L’encadrement des pratiques expérimentales reste souvent lacunaire dans un pays où l’accès aux soins est largement marchandisé. La pression financière qui s’exerce sur les patients, tout comme sur les praticiens, crée un terrain favorable aux dérives éthiques et juridiques.

La multiplication des cliniques privées proposant des traitements innovants à base de psychotropes kétamine, mais aussi MDMA ou psilocybine inquiète désormais une partie du corps médical états-unien, qui dénonce un encadrement réglementaire trop permissif.

Si le décès de Matthew Perry met en lumière ces pratiques, il s’inscrit dans un contexte plus général de crise de santé publique. Le mésusage des médicaments psychotropes et des traitements hors protocole concerne désormais un nombre croissant de patients fragiles, en quête de solutions rapides face à des troubles psychiatriques lourds. Or, la frontière entre innovation thérapeutique et expérimentation sauvage demeure ténue.

Cette affaire pose enfin la question des responsabilités des professionnels de santé face à des patients médiatisés. La célébrité d’un patient ne doit jamais affaiblir l’exigence déontologique des praticiens.

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