Selon un rapport transmis à la Cour pénale internationale, le groupe Wagner, lié à la Russie, aurait commis des crimes de guerre en Afrique de l’Ouest pendant plusieurs années.
Le rapport est arrivé l’année dernière sur le bureau du procureur de la Cour pénale internationale (CPI). Selon nos confrères de l’agence Associated Press (AP), qui ont pu le consulter, ce document recense de nombreuses vidéos de crimes de guerre compilées par des experts de l’université américaine de Berkeley à partir de boucles Telegram anonymes. Celles-ci seraient tenues, selon des analystes de données en open source cités par AP, par d’anciens et actuels mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner a informé un média international français.
Les accusations appuyées par des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux du groupe, où l’on voit des images de ces atrocités, certaines faisant allusion au cannibalisme.
Dans ces vidéos disponibles sur les réseaux sociaux du groupe, des hommes en uniforme militaire (sans aucune précision) massacrent à la machette des corps de ce qui semble être des civils, arrachent des organes et posent avec des membres coupés. Un combattant dit qu’il est sur le point de manger le foie de quelqu’un. Un autre dit qu’il essaie de lui arracher le cœur.
La violence dans le Sahel a atteint des niveaux record alors que les gouvernements militaires luttent contre des groupes extrémistes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique. Se détournant des alliés occidentaux comme les États-Unis et la France, les gouvernements du Mali, du Burkina Faso et du Niger se sont plutôt tournés vers la Russie et ses combattants mercenaires en tant que partenaires dans les offensives.
Selon les observateurs, cette nouvelle approche a donné lieu à des atrocités et à une déshumanisation que la région n’avait pas connue depuis des décennies. Les médias sociaux permettent de découvrir les horreurs présumées qui se produisent souvent dans des zones reculées, avec peu ou pas de surveillance de la part des gouvernements ou des observateurs extérieurs. Les experts affirment que les images, bien que difficiles à vérifier, pourraient servir de preuves de ces crimes de guerre.
Le partage de ces films relève d’une « utilisation des réseaux sociaux comme d’une arme », affirment les experts de Berkeley dans leur rapport, raison pour laquelle ils demandent au procureur de la CPI de se pencher sur le dossier et d’enquêter sur ces crimes « commis via internet, qui sont liés aux crimes physiques, et ajoutent une nouvelle dimension de préjudice à un groupe élargi de victimes »
Reste que les mercenaires du groupe Wagner n’ont pas l’exclusivité de ces faits gravissimes : d’autres acteurs éloignés des cercles de la société militaire privée n’hésitent pas, eux non plus, régulièrement, à partager des contenus dégradants de ce type sur d’autres plates-formes, tel le réseau « X », par exemple.