L’ancien président gabonais Ali Bongo Ondimba a été entendu par la justice française mardi 1er juillet, au lendemain des auditions de son épouse Sylvia et leur fils Noureddine, dans le cadre de leur plainte pour « séquestration en bande organisée, détention arbitraire, actes de torture et de barbarie ».
L’ex-président gabonais, dont la famille a dirigé le Gabon pendant 55 ans, a été entendu ce mardi 1er juillet à Paris par deux juges d’instruction sur sa plainte déposée en mai 2024 dans laquelle il dénonce sa « séquestration arbitraire » par le nouveau pouvoir après le coup d’État d’août 2023. Sa famille reproche également des « tortures ».
Si les autorités du Gabon espéraient que l’exfiltration des Bongo vers l’Angola mi-mai soit suivie d’une certaine discrétion de leur part, elles doivent constater que l’ex-famille présidentielle a décidé de ne pas faire profil bas. « Nous ne nous tairons pas », écrivent Sylvia et Noureddin Bongo, à propos des sévices qu’ils auraient subis à la prison centrale de Libreville puis au sous-sol du palais présidentiel, « six étages en dessous des appartements du président », pendant leurs 20 mois de détention.
À l’appui, ils joignent à leur plainte une vidéo filmée clandestinement le 28 février 2025 par Noureddin Bongo dans le cabinet de la juge d’instruction gabonaise en charge du dossier. On y voit la magistrate, le fils de l’ex-président et son avocate, Me Eyue Bekale, avoir une conversation informelle sur l’affaire. Une autre personne, devant un ordinateur, vraisemblablement une assistante ou une greffière, garde le silence. Noureddin Bongo se plaint des mauvais traitements, de la procédure arbitraire à son encontre, amène la conversation sur le terrain politique. « Il fallait vous mettre hors circuit », lâche la juge… Elle dit avoir reçu des pressions : « il faut les condamner » lui auraient intimé des militaires. Selon le communiqué, d’autres vidéos également versées au dossier montreraient des membres du CTRI avouer des actes de torture.
Quelques jours après avoir déposé devant deux magistrates françaises, les Bongo remercient « la communauté internationale, en particulier l’Union africaine », de leur avoir « sauvé la vie ». Ils accusent le gouvernement gabonais de préparer très prochainement un « procès spectacle » pour légaliser la saisie de leurs biens. « Fouettés, électrocutés, noyés, battus, et bien pire. Entre les coups, nous avons été contraints de signer », écrivent-ils. « La veille de notre départ, nous avons été forcés de signer des documents nous contraignant au silence sur le sort que nous avons subi. Mais nous ne nous tairons pas face à l’injustice. »
De bonne source, l’enquête gabonaise conclut qu’Ali Bongo a reçu 266 milliards de francs CFA (environ 406 millions d’euros) de virements irréguliers sur son compte bancaire en dix ans. Le parquet estime que plusieurs villas et appartements ont été achetés grâce à des rétrocommissions d’équipements militaires. Il se penche également sur des ventes illégales de pétrole et d’autres produits, acceptées par les anciennes autorités sur fond de corruption.
Pour dénoncer le témoignage d’Ali Bongo de son « ostracisation » et de sa « séquestration » dans sa résidence de La Sablière après son renversement, des officiels gabonais rappellent que des vidéos attestent qu’il y a fêté son anniversaire avec des membres de sa famille, qu’il y a reçu des chefs d’États et d’autres invités dont des journalistes. Par ailleurs, il a à plusieurs reprises refusé de quitter le pays. Quant aux accusations de torture, elles ont toujours été rejetées par les autorités gabonaises.
Ali Bongo entendu à Paris dans le cadre de sa plainte contre Libreville
L’ex-président gabonais Ali Bongo Ondimba, son épouse Sylvia et leur fils Noureddin ont été entendus par la justice française dans le cadre de leur plainte pour « séquestration, détention arbitraire, actes de torture et de barbarie » déposée en mai 2024 contre les autorités de Libreville. Tous trois ont été reçus lundi 30 juin et mardi 1er juillet par deux juges d’instruction du pôle Crimes contre l’humanité du Tribunal de grande instance de Paris.
Devant les magistrates en charge d’examiner sa plainte, l’ex-président gabonais, entendu sous le statut de partie civile, a fait le récit de l’ostracisme qu’il dit avoir subi 21 mois durant, dans la foulée de son renversement par les militaires du Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI) le 30 août 2023.
Ses avocats ayant rappelé que si, juridiquement, leur client n’avait pas été assigné à sa résidence de La Sablière, il n’avait, dans les faits, pas été libre de ses mouvements, Ali Bongo s’est également attardé sur l’angoisse ressentie pour son épouse et leurs fils restés prisonniers du jour du coup d’État jusqu’à celui de l’exfiltration de toute la famille vers l’Angola puis Londres en mai dernier.
Ces derniers, qui ont déposé devant les mêmes magistrates, ont pour leur part détaillé les violences psychologiques et physiques qu’ils disent avoir subies en détention avec pour objectif, selon leur avocate, Maître Clara Gérard-Rodriguez, « de les forcer à signer des documents afin d’accaparer leurs actifs et leurs biens, comme des titres de propriété ».
À Libreville, les autorités gabonaises, elles, continuent de nier ces accusations de torture et assurent qu’un procès se tiendra au Gabon, même en l’absence des mis en cause. L’ex-président gabonais Ali Bongo Ondimba et sa famille ont été libérés et sont arrivés à Luanda, vendredi 16 mai. La famille était détenue depuis le coup d’État mené par le général Brice Clotaire Oligui Nguema en 2023.