Les tensions diplomatiques entre les États-Unis et la Colombie ont franchi un nouveau cap. Après plusieurs semaines de critiques réciproques, le président américain Donald Trump a adressé une mise en garde d’une rare agressivité à l’égard de son homologue colombien, Gustavo Petro. Ce dernier dénonce depuis des mois les frappes américaines contre des embarcations suspectées de transporter de la drogue dans les Caraïbes et le Pacifique.
Une escalade verbale entre Washington et Bogotá
Les relations se sont fortement dégradées depuis que les États-Unis ont lancé, début septembre, une série de frappes contre des navires accusés d’être liés au trafic de drogue. Gustavo Petro, farouche opposant à ces opérations, multiplie les attaques verbales. Selon lui, les bombardements constituent de véritables « assassinats », et les eaux des Caraïbes doivent être considérées comme appartenant aux nations riveraines, non comme des zones internationales.
Face à ces accusations, Donald Trump a répliqué avec virulence. Mercredi, il a averti Gustavo Petro : « Il va avoir de gros problèmes s’il ne se ressaisit pas. La Colombie produit beaucoup de drogue. Il ferait mieux de se ressaisir, sinon il sera le prochain. J’espère qu’il m’entend : il sera le prochain. »
Des frappes contestées et des questions juridiques
Depuis le début de l’opération américaine, plus de 20 navires ont été visés dans les Caraïbes et le Pacifique. Ces frappes ont causé la mort d’au moins 87 personnes, selon plusieurs sources, sans que Washington n’apporte de preuves de leur implication dans le trafic de drogue.
Des experts et des responsables des Nations unies remettent en cause la légalité de ces opérations, estimant que les États-Unis invoquent abusivement le « droit de la guerre ». Ce cadre juridique autorise des frappes létales uniquement dans des situations de conflit armé, ce qui n’est pas le cas pour des infractions liées au trafic de drogue, qui ne sont même pas passibles de peine capitale aux États-Unis.
Plus grave encore, le meurtre présumé de deux survivants désarmés lors de la première frappe du 2 septembre pourrait placer la Maison-Blanche et le Pentagone en violation du droit qu’ils invoquent pour se défendre.
Des conséquences humaines et une plainte internationale
La découverte récente de deux corps sur des plages proches de la frontière vénézuélienne a conduit Gustavo Petro à exiger l’ouverture d’une enquête par le parquet colombien. Il soupçonne qu’il s’agit de victimes de bombardements américains.
Début décembre, la famille d’un pêcheur colombien tué lors d’une frappe américaine a déposé une plainte contre les États-Unis devant la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH). Il s’agit de la première procédure internationale lancée au sujet de ces opérations meurtrières.
Un climat politique explosif
La confrontation verbale entre les deux présidents ne cesse de s’intensifier. Gustavo Petro accuse désormais Donald Trump de chercher à s’ingérer dans la politique interne colombienne et d’influencer la présidentielle de 2026 afin d’écarter la gauche du pouvoir.
Dans ce contexte, les relations entre Washington et Bogotá entrent dans une zone de turbulences, sur fond de désaccords profonds quant à la lutte antidrogue, la souveraineté maritime et le respect du droit international.