Alors que le conflit en Ukraine entre dans sa quatrième année, les discussions diplomatiques s’intensifient, et les positions occidentales commencent à se nuancer. Le général Keith Kellogg, envoyé spécial de Donald Trump en Ukraine, a récemment déclaré que l’élargissement de l’OTAN vers l’Est constituait une “préoccupation légitime” pour la Russie. Dans le même temps, l’Alliance atlantique annonce l’installation d’un QG permanent dans l’Arctique, illustrant la montée en puissance stratégique dans cette région disputée.
Une position américaine plus nuancée sur l’OTAN
Depuis plusieurs mois, le général Keith Kellogg joue un rôle central dans les efforts de médiation entre Kiev et Moscou. Interrogé le 29 mai par la chaîne ABC, l’émissaire de Trump a surpris en déclarant que les États-Unis ne souhaitent pas voir l’Ukraine rejoindre l’OTAN, reprenant ainsi un argument régulièrement avancé par le Kremlin. « C’est une préoccupation légitime. Nous l’avons dit à plusieurs reprises. Nous avons dit que, pour nous, l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN n’était pas envisageable », a-t-il affirmé.
Ces déclarations ont rapidement trouvé un écho à Moscou. Le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, a rappelé que Vladimir Poutine avait “constamment” dénoncé l’expansion de l’OTAN vers l’Est comme une menace existentielle pour la Russie.
Une nouvelle rencontre entre les délégations ukrainienne et russe est prévue ce lundi 2 juin à Istanbul. Selon des sources diplomatiques, la Russie devrait y exiger noir sur blanc la non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, ainsi que des garanties similaires concernant la Géorgie et la Moldavie. « C’est un sujet qu’il faut traiter globalement », a insisté Kellogg.
Des réactions européennes plus prudentes
Du côté européen, cette position américaine ne fait pas l’unanimité. Le président tchèque Petr Pavel, ancien général de l’OTAN, a estimé qu’il n’était « pas réaliste, à court terme » que l’Ukraine rejoigne l’alliance. Cependant, il a averti qu’il ne fallait pas abandonner cette perspective, considérant que l’adhésion de Kiev renforcerait l’équilibre stratégique de l’organisation. Les autorités ukrainiennes, de leur côté, n’ont pas encore réagi officiellement aux propos du général américain.
Un nouveau QG de l’OTAN dans l’Arctique
Parallèlement à ces développements en Ukraine, l’OTAN a annoncé l’ouverture prochaine d’un Centre de commandement et de contrôle des opérations aériennes (CAOC) permanent à Bodø, une ville située au nord de la Norvège, au-delà du cercle polaire.
Cette décision intervient dans un contexte de montée des tensions dans l’Arctique, où la Russie multiplie les initiatives militaires, modernisant ses bases et renforçant sa présence stratégique. Le Premier ministre norvégien Jonas Gahr Støre a justifié ce choix par des raisons “géopolitiques” : « Nous souhaitons que l’OTAN ait un ancrage solide dans le Nord », a-t-il déclaré.
Ce centre viendra compléter les deux autres CAOC déjà existants en Europe, situés en Allemagne et en Espagne. Il aura pour mission la coordination de la surveillance aérienne ainsi que la planification des opérations militaires dans la région arctique, un théâtre désormais central dans les équilibres stratégiques mondiaux.