L’Union des familles de kidnappés par la Corée du Nord a annoncé ce mardi qu’elle envisageait de suspendre ses envois de tracts anti-régime au-delà de la frontière intercoréenne. Cette possible suspension, évoquée par Choi Seong-ryong, président de l’organisation, intervient dans un contexte de dialogue renouvelé avec les autorités sud-coréennes.
Un signal d’apaisement sous conditions
Choi Seong-ryong a déclaré avoir reçu, lundi, un appel téléphonique encourageant d’un haut responsable du gouvernement sud-coréen, qui l’a conduit à envisager un moratoire sur les largages de tracts. La décision finale sera prise après consultation avec les autres familles membres de l’union.
Ce geste de bonne volonté s’inscrit dans la continuité de propos tenus par Choi il y a une semaine, lorsqu’il avait affirmé que son groupe serait prêt à cesser ces actions de communication, à condition que le président Lee Jae Myung intervienne personnellement pour confirmer le sort des otages toujours portés disparus — notamment ceux ayant dépassé les 90 ans.
Un échange avec le vice-ministre de l’Unification
Le ministère sud-coréen de l’Unification, chargé des relations avec la Corée du Nord, a confirmé que son vice-ministre Kim Nam-jung s’est entretenu avec Choi lundi après-midi. Selon un représentant du ministère, Kim a transmis une demande officielle du gouvernement appelant à la fin de l’envoi de tracts et a promis de prêter une oreille attentive aux doléances des familles.
Bien que Choi semble avoir accueilli favorablement cette proposition, il n’a pas encore pris d’engagement ferme. Il reste également incertain si le gouvernement Lee programmera la rencontre directe avec le président, que le groupe réclame depuis plusieurs mois.
Une campagne de tracts menée par ballons et drones
Depuis le début de l’année, l’organisation de Choi a mené trois campagnes de distribution de tracts anti-nord-coréens à l’aide de ballons et drones :
• Le 27 avril depuis le pavillon d’Imjingak à Paju,
• Le 8 mai à Cheorwon, dans la province du Gangwon,
• Et le 2 juin dans une autre zone frontalière de Paju.
Ces initiatives ont souvent irrité Pyongyang et fait l’objet de tensions bilatérales. Le gouvernement sud-coréen a donc indiqué vouloir réviser la législation actuelle pour empêcher à l’avenir les distributions de tracts depuis les zones frontalières, au nom de la sécurité et de la stabilité régionale.
L’espoir d’un dialogue intercoréen sur les enlèvements
Choi a exprimé l’espoir que le gouvernement de Lee Jae Myung, jugé plus compréhensif sur le sujet des enlèvements, puisse ouvrir la voie à un dialogue intercoréen permettant de confirmer la vie ou le décès des victimes. « Des officiels du gouvernement actuel comprennent mieux la question des enlèvements et ils nous ont beaucoup aidés dans le passé. J’espère que ce gouvernement créera enfin des opportunités concrètes », a-t-il déclaré à la presse.
Ces mots ont été prononcés après un moment de recueillement devant le mémorial des anciens combattants belges et luxembourgeois de la guerre de Corée, situé à Dongducheon, au nord de Séoul. L’événement marquait le 75e anniversaire du déclenchement de la guerre de Corée (1950-1953).
Une histoire personnelle douloureuse
Pour Choi Seong-ryong, la cause des familles de kidnappés est aussi profondément personnelle. Son propre père a été enlevé en 1967 alors qu’il pêchait près de l’île de Yeonpyeong, en mer Jaune. Il a ensuite été exécuté en 1972 par les autorités nord-coréennes, accusé de collaboration passée avec l’armée américaine pendant la guerre de Corée.
Un geste possible vers l’apaisement intercoréen
L’éventuelle suspension des envois de tracts anti-nord-coréens pourrait marquer un geste de détente dans les relations intercoréennes. Si elle se concrétise, cette initiative donnerait une chance à un dialogue plusC’est humain et centré sur les victimes, dans un dossier longtemps éclipsé par les enjeux géopolitiques majeurs de la péninsule.