Le Front Polisario connaît une série de revers diplomatiques et sécuritaires majeurs. Alors que la Syrie, sous la présidence d’Ahmed Al-Charaa, vient de rompre officiellement ses relations avec le mouvement séparatiste sahraoui, l’armée mauritanienne a procédé à l’interpellation de plusieurs de ses membres à Lebriga, dans une région frontalière stratégique. Ces événements renforcent l’isolement du Polisario sur la scène internationale et illustrent une nette détérioration de sa marge de manœuvre régionale.
Damas ferme la porte au Polisario
Dans un geste fort et symbolique, les nouvelles autorités syriennes ont déclaré le Polisario persona non grata, rompant ainsi tous liens avec le mouvement séparatiste. La fermeture de son bureau à Damas, ouvert depuis les années 1980 sous le régime de Hafez Al-Assad, a été actée en présence d’une délégation officielle marocaine.
Selon l’agence MAP, la Syrie a affirmé son attachement à l’intégrité territoriale du Maroc et son refus de toute forme de soutien aux entités séparatistes. « Cette décision reflète la volonté de Damas de renforcer ses relations bilatérales avec Rabat et de contribuer à la stabilité régionale », ajoute la même source.
Cette rupture marque une perte diplomatique majeure pour le Polisario, qui voit son principal allié au Moyen-Orient se retirer. Il ne bénéficie désormais plus que des soutiens du Hezbollah libanais et de l’Iran.
Un rapprochement diplomatique Maroc-Syrie en marche
Cette décision syrienne s’inscrit dans le cadre d’un rapprochement stratégique entre Rabat et Damas, impulsé dès la chute du régime de Bachar al-Assad. Le Maroc a rapidement reconnu les nouvelles autorités syriennes, avec une série d’échanges de haut niveau entre les deux pays.
Le roi Mohammed VI a adressé, en février dernier, un message de félicitations au président Ahmed Al-Charaa, et ordonné la réouverture de l’ambassade du Maroc à Damas, fermée depuis 2012. En marge du sommet de la Ligue arabe, le 17 mai à Bagdad, le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, a rencontré son homologue syrien Asaad Al-Shibani pour préparer cette reprise diplomatique. Une délégation technique marocaine est attendue prochainement en Syrie pour finaliser les préparatifs de cette réouverture.
Par ailleurs, les autorités syriennes devraient prochainement publier des informations sur les combattants du Polisario capturés dans le pays. Selon un article du Washington Post paru en avril, plusieurs membres du Front seraient actuellement détenus dans les prisons syriennes, où ils auraient combattu aux côtés des forces de Bachar al-Assad.
Tensions à Lebriga : la Mauritanie passe à l’action
Pendant ce temps, au sud du Sahara, l’armée mauritanienne a intercepté plusieurs membres du Polisario à Lebriga, une zone frontalière entre la Mauritanie, l’Algérie et les camps sahraouis de Tindouf. Selon des sources sécuritaires, des Sahraouis à bord de véhicules tentaient d’entrer clandestinement en Mauritanie, avant d’être arrêtés par une patrouille militaire. Des membres armés du Front auraient été témoins de la scène, sans réagir.
Un média affilié au Polisario a reconnu l’incident, parlant de « voyageurs sahraouis civils » interceptés, tout en affirmant que la situation aurait été « résolue » suite à des excuses présentées par les militaires mauritaniens. Toutefois, ces individus ont bel et bien été refoulés vers les camps de Tindouf, selon des sources marocaines bien informées.
Zone fermée et surveillance accrue
La semaine précédente, la Mauritanie avait décrété la fermeture de la région de Lebriga aux civils, dans le but de contrer la recrudescence d’activités illégales, dont la contrebande et l’infiltration armée. Cette zone sensible, située au nord-est du pays, a souvent été exploitée par le Polisario, profitant du relâchement sécuritaire pour lancer des attaques contre le Maroc à partir de véhicules immatriculés en Mauritanie.
Une double crise révélatrice d’un affaiblissement
Entre la perte d’un allié de poids comme la Syrie et le durcissement sécuritaire de la Mauritanie, le Front Polisario traverse une période critique. Sur le plan diplomatique, le soutien international s’effrite, tandis que sur le terrain, les marges d’action se réduisent face à une vigilance renforcée des États voisins.
Le Maroc, de son côté, tire profit de cette conjoncture pour consolider ses alliances et renforcer sa position sur la question du Sahara. Cette dynamique semble accentuer l’isolement du Polisario, désormais pris en étau entre des partenaires déserteurs et un encerclement sécuritaire grandissant.