Le 13 octobre 2025, la Chine et le Ghana ont réaffirmé, à Pékin, leur engagement commun en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes. L’annonce est intervenue lors de la Réunion mondiale des dirigeantes sur les femmes, un sommet marquant le trentième anniversaire de la Conférence mondiale sur les femmes de 1995, organisée dans la même ville. Trente ans plus tard, la capitale chinoise renoue ainsi avec l’esprit de Pékin, celui d’un appel universel à la reconnaissance des droits des femmes.
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Un engagement renouvelé, entre diplomatie et coopération Sud-Sud
La rencontre a réuni plusieurs chefs d’État, dont le président ghanéen John Dramani Mahama. Celui-ci a rappelé les avancées réalisées par son pays dans la promotion des droits des femmes, notamment l’adoption de la Loi sur l’action positive pour l’équité entre les sexes, destinée à renforcer leur participation dans la vie publique et politique.
Le Ghana, qui se distingue déjà par une représentation féminine croissante dans ses institutions locales et son administration, cherche à consolider ces acquis dans la durée.
La Chine, pour sa part, a mis en avant une coopération internationale renforcée sur la question du genre. Pékin a annoncé une contribution de 100 millions de dollars à ONU Femmes sur cinq ans, ainsi qu’un fonds équivalent dédié au développement mondial et à la coopération Sud-Sud. Ces financements visent à soutenir des projets d’émancipation féminine, notamment dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’entrepreneuriat.
L’égalité proclamée, les défis persistants
Les données officielles montrent que les femmes représentent près de 50 % des étudiants de l’enseignement supérieur en Chine et 43 % de la population active. Des progrès réels, mais encore contrastés : les plus hautes sphères du pouvoir politique restent fermées à la parité.
Depuis le congrès du Parti communiste chinois de 2022, aucune femme ne siège parmi les vingt-quatre membres du Bureau politique, ni au sein du Comité permanent organe le plus influent du pays. Cette absence traduit une persistance structurelle des inégalités de genre dans les postes décisionnels.
Le Ghana, malgré une législation volontariste, fait face à d’autres défis : la lenteur de la mise en œuvre, le manque de moyens financiers, et la résistance culturelle dans certaines zones rurales où les normes sociales freinent encore la pleine participation des femmes.
Pékin, symbole d’une diplomatie de genre en mutation
Ce sommet a surtout une portée symbolique : il marque le retour de la Chine dans un rôle de leader moral sur la scène mondiale, en s’appuyant sur un thème porteur et consensuel. Pour le Ghana, ce partenariat traduit la volonté d’inscrire sa politique d’égalité dans une dynamique internationale, au-delà du seul cadre africain.
Mais derrière les discours et les chiffres, une question demeure : ces engagements se traduiront-ils par des transformations concrètes, mesurables et durables ? La réponse dépendra de la transparence dans l’usage des fonds, du suivi des programmes, et de la capacité des institutions nationales à rendre des comptes.
Vers une réelle gouvernance inclusive ?
Trente ans après la première Conférence de Pékin, le monde a changé, mais les inégalités demeurent. L’égalité des sexes ne peut être réduite à des déclarations diplomatiques : elle exige un partage effectif du pouvoir, des ressources et des opportunités.
Tant pour la Chine que pour le Ghana, le défi est désormais d’incarner dans la pratique ce qu’ils proclament dans les sommets. Car l’égalité des genres n’est pas seulement un enjeu moral : c’est un indicateur du niveau de justice et de modernité d’une société.
Celine Dou