Archives du mot-clé #UrgenceHumanitaire

Mexique : pluies torrentielles font au moins 64 morts et 65 disparus, Hidalgo et Veracruz particulièrement touchés

Entre le 6 et le 12 octobre 2025, des pluies exceptionnelles ont frappé plusieurs États du Mexique, provoquant des inondations et des glissements de terrain qui ont fait au moins 64 morts et 65 disparus, selon le bilan provisoire des autorités. Les États d’Hidalgo et de Veracruz sont particulièrement touchés. Cette catastrophe met en lumière la vulnérabilité du pays face aux phénomènes climatiques extrêmes et soulève des questions sur la résilience des infrastructures et la gestion des risques.

Lire la suite: Mexique : pluies torrentielles font au moins 64 morts et 65 disparus, Hidalgo et Veracruz particulièrement touchés

Les précipitations ont été causées par une dépression tropicale, un phénomène courant dans la saison des ouragans (juin-novembre). Leur intensité exceptionnelle s’explique également par les effets du changement climatique, qui accentue la fréquence et la violence des épisodes pluvieux dans la région.

Les zones touchées présentent une géographie complexe : Veracruz, sur la côte est, est régulièrement exposé aux tempêtes tropicales, tandis que les reliefs montagneux d’Hidalgo et Puebla sont particulièrement vulnérables aux glissements de terrain. Les sols déjà saturés par les pluies précédentes ont amplifié les destructions et isolé plusieurs villages, compliquant l’accès des secours.

Le gouvernement mexicain, en coordination avec la protection civile et l’armée, a mobilisé des équipes pour retrouver les disparus et fournir assistance aux populations affectées. Des centres d’accueil temporaires ont été installés afin d’assurer hébergement, alimentation et soins médicaux aux sinistrés.

Le président mexicain a annoncé des fonds d’urgence pour la reconstruction des infrastructures, alors que plusieurs routes et ponts ont été détruits, ralentissant l’acheminement de l’aide humanitaire.

Au-delà du bilan humain immédiat, cette catastrophe révèle la fragilité des infrastructures et des dispositifs de prévention face aux phénomènes extrêmes. Les experts identifient plusieurs axes prioritaires :

  • Planification urbaine adaptée, pour limiter l’exposition des populations aux zones à haut risque.
  • Systèmes d’alerte précoce renforcés, pour anticiper crues et glissements de terrain.
  • Gestion des bassins versants et sols, afin de réduire l’impact des pluies torrentielles.

Cette situation s’inscrit dans un contexte régional plus large : plusieurs pays d’Amérique latine, exposés aux mêmes phénomènes climatiques, sont confrontés à des défis similaires en matière de résilience et de protection des populations.

Les pluies torrentielles d’octobre 2025 rappellent que la préparation et la résilience face aux catastrophes naturelles sont essentielles pour réduire l’impact humain et matériel. Si les opérations de secours et les fonds d’urgence sont indispensables à court terme, la prévention et l’adaptation aux changements climatiques seront déterminantes pour limiter le nombre de victimes à l’avenir.

Celine Dou

Génération menacée : la hausse alarmante de la mortalité des jeunes dans le monde

Une étude mondiale publiée le 13 octobre 2025 par The Lancet dans le cadre du programme Global Burden of Disease tire la sonnette d’alarme : après des décennies de progrès, la mortalité des jeunes repart à la hausse. Addictions, suicides, violences et maladies évitables forment les causes principales d’une crise planétaire qui révèle un échec collectif : celui de protéger la génération censée incarner l’avenir.

Lire la suite: Génération menacée : la hausse alarmante de la mortalité des jeunes dans le monde

Ils ont entre 10 et 24 ans, et devraient être la promesse d’un monde en construction. Pourtant, selon la dernière étude Global Burden of Disease, publiée en octobre 2025, plus d’1,5 million de jeunes meurent chaque année de causes évitables.
Un chiffre en hausse de près de 12 % en quinze ans, qui brise la tendance historique à la baisse observée depuis les années 1990.

Les chercheurs y voient une crise silencieuse, masquée par les grands débats économiques ou climatiques, mais dont les conséquences humaines sont considérables. Car derrière les statistiques, il y a une réalité implacable : le monde échoue à protéger ses jeunes.

L’étude couvre plus de 200 pays et révèle une tendance universelle, bien que différenciée selon les régions.
En Afrique subsaharienne, la mortalité des jeunes reste la plus élevée du monde, dominée par les maladies infectieuses, les accidents et les conflits armés.
En Amérique latine, la violence urbaine et les homicides sont les premières causes de décès des 15–24 ans.
Quant aux pays industrialisés, ils connaissent une flambée de suicides, d’overdoses et de troubles mentaux liés à la solitude et à la pression sociale.

Selon les auteurs, « aucune région du monde ne peut se dire à l’abri ».
L’espérance de vie des jeunes a cessé de progresser, signe d’un épuisement des modèles de santé et d’éducation.

Les causes principales de cette hausse sont désormais psychosociales plutôt que purement sanitaires.
Les suicides représentent la troisième cause de mortalité chez les 15–24 ans dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Les overdoses liées à la consommation de drogues de synthèse et de médicaments détournés explosent, notamment aux États-Unis d’Amérique, au Canada et dans certaines capitales européennes.

En parallèle, les violences communautaires et familiales continuent de faucher des vies en Afrique et en Amérique du Sud, où les armes prolifèrent et les structures sociales s’effritent.
La pandémie de Covid-19 a par ailleurs aggravé l’isolement, l’anxiété et le décrochage scolaire, laissant des millions de jeunes sans repère ni accompagnement psychologique.

« Nous assistons à une désagrégation lente du lien social et éducatif », alerte la sociologue indienne Meera Dasgupta.
« Les jeunes sont surconnectés mais profondément seuls. »

Au-delà des symptômes, l’étude met en évidence des causes systémiques.
Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, la pauvreté reste le premier facteur de mortalité juvénile : malnutrition, accès limité à l’eau potable et aux soins, absence de couverture vaccinale.
Mais dans les pays développés aussi, la précarité s’installe sous d’autres formes : emploi instable, isolement, anxiété de performance.

Les chercheurs évoquent une « crise de sens » qui traverse la jeunesse mondiale.
Entre désillusion politique, peur de l’avenir climatique et fatigue numérique, beaucoup de jeunes déclarent ne plus croire au progrès.

L’éducation, pourtant levier central, ne parvient plus à jouer son rôle d’ascenseur social ni de rempart psychologique.
Plus de 240 millions d’enfants et adolescents restent non scolarisés selon l’UNESCO, tandis que la déscolarisation post-pandémie continue d’augmenter dans plusieurs pays d’Afrique et d’Asie.

Sur le continent africain, où plus de 60 % de la population a moins de 25 ans, cette tendance prend une tournure stratégique.
Les maladies évitables (paludisme, infections respiratoires, diarrhées) restent les premières causes de décès des jeunes, mais la santé mentale et les violences prennent une place croissante.

Dans les mégapoles en expansion, le chômage massif et la précarité urbaine favorisent les conduites à risque : alcool, drogues, insécurité routière, ou enrôlement dans des groupes armés.
Sans politiques publiques adaptées, ce dividende démographique tant vanté pourrait se transformer en crise générationnelle.

« Investir dans la jeunesse n’est pas un luxe, c’est une urgence de survie », martèle le chercheur sénégalais Ibrahima Sow, spécialiste des politiques sociales africaines.
« L’Afrique ne pourra se développer qu’en protégeant sa jeunesse. »

Les auteurs du rapport appellent à une mobilisation internationale urgente, articulée autour de trois priorités :

  1. Renforcer la santé mentale et la prévention des addictions, en intégrant le dépistage et l’accompagnement psychologique dans les écoles et universités.
  2. Réduire les inégalités d’accès à la santé, notamment en Afrique et en Asie du Sud.
  3. Repenser les modèles éducatifs, pour redonner du sens, de la cohésion et de l’espérance.

Mais ces mesures exigent des choix politiques courageux, loin des logiques électorales ou économiques immédiates.
Car si la jeunesse meurt davantage aujourd’hui qu’hier, c’est aussi le signe d’un monde fatigué de lui-même, où le futur a cessé de se construire.

La hausse de la mortalité juvénile n’est pas un simple indicateur sanitaire : elle mesure le degré d’attention qu’une société porte à sa propre humanité.
Chaque jeune perdu est un fragment d’avenir brisé.
Si les États ne parviennent pas à inverser cette tendance, c’est toute la promesse du XXIᵉ siècle qui s’effondre avant d’avoir commencé.

Celine Dou