La RD Congo vend des zones dangereuses pour l’environnement aux compagnies pétrolières!

La République démocratique du Congo a annoncé, ce lundi 25 juillet, qu’elle lancerait des appels d’offres pour l’exploitation de 27 champs pétroliers et de 3 champs gaziers. Une décision critiquée par l’ONG Greenpeace, qui dénonce la vente aux enchères d’une zone de forêts et de tourbières, dont l’écosystème est aussi sensible que nécessaire.

Des terres riches en gaz et en pétrole seront mises aux enchères au Congo. La plupart des champs concernés sont situés dans des zones de biodiversité stratégique, notamment dans le parc national des Virunga, le plus grand parc de gorilles, précise « Le Journal d’Afrique ». De plus, « les tourbières et les forêts tropicales du bassin du Congo protègent la planète en stockant du carbone », explique le site panafricain. Selon le média « Norafrik », le gouvernement congolais avait initialement prévu de vendre 32 champs pétrolifères, mais n’a finalement sélectionné que 27 champs.

cette décision extrêmement controversée de vendre les puits de carbone intervient quelques mois seulement après que le pays s’est engagé sur 10 ans à préserver le bassin du Congo lors de la conférence sur le climat COP26 en échange de 500 millions de dollars d’investissements internationaux. « Notre priorité n’est pas de sauver la planète », contredit un important ministre congolais qui a déclaré. « Il s’agit de lutter contre la pauvreté dans un contexte où les combustibles fossiles, y compris le pétrole brut et le gaz, sont au centre des problèmes mondiaux de paix et de stabilité en raison du conflit russo-ukrainien », a-t-il ajouté, faisant référence aux récentes affirmations du gouvernement selon lesquelles la décision est essentielle. à lever des fonds au milieu de la crise croissante du coût de la vie en RDC provoquée par l’invasion de l’Ukraine par la Russie, qui pousse le monde à se ruer sur les combustibles fossiles.

La conviction du président Félix Tshisekedi est que les défis immédiats auxquels son pays est confronté l’emportent sur la responsabilité de la RDC d’aider à réduire les émissions mondiales de carbone.

Cependant, comme le soutient Greenpeace, rien n’indique que ces revenus seront utilisés pour le bien public « et non pour l’enrichissement personnel des élites politiques ». Le « poumon africain » de la Terre, comme on l’appelle communément – d’une superficie aussi grande que l’Europe occidentale -, absorbe chaque année 4 % des émissions mondiales de dioxyde de carbone, soit plus que les émissions annuelles de l’ensemble du continent.

« Le projet du gouvernement va clairement à l’encontre des engagements pris par le gouvernement congolais et le président de la République dans le cadre de l’Accord de Paris sur le réchauffement climatique », explique Patient Muamba, responsable de campagne pour Greenpeace en RDC. « Trois blocs sont dans les tourbières du bassin du Congo qui stockent environ 30 gigatonnes de carbone, ce qui correspond à trois années de pollution de l’ensemble de la planète. C’est donc un écosystème qui doit absolument être protégé pour espérer atteindre l’objectif de Paris qui est notamment de limiter l’augmentation de la température de 1,5°. Cette vente est un projet suicidaire pour l’environnement, un projet qui va aussi causer beaucoup de problèmes aux communautés locales qui vivent dans ces endroits ».

S’étendant sur six pays, il est considéré comme un site clé dans la lutte contre la dégradation écologique car, selon les Nations Unies, il assure « un service de séquestration du carbone équivalent à 10 ans d’émissions mondiales ».

Cependant, au-delà de la menace évidente que représentent les dommages causés à quelque 11 millions d’hectares de l’un des boucliers naturels les plus importants dont nous disposons pour nous protéger de notre propre impact sur l’environnement, la principale préoccupation réside dans le fait qu’au moins trois des 16 permis proposés doit être vendu chevauchement avec des tourbières tropicales sensibles (et hautement critiques) dont les marécages qui stockent encore plus de carbone sous terre dans leurs sols que ce qui est retenu par les arbres au-dessus grâce à des inondations régulières qui ralentissent la décomposition des plantes mortes. S’il est détruit par la construction de routes, de pipelines et d’autres infrastructures nécessaires à l’extraction du pétrole, on estime que jusqu’à 6 milliards de tonnes de CO2 pourraient être libérés.

Cela équivaut à 14 années d’émissions actuelles de gaz à effet de serre.
« Dans une zone où il y a des tourbières, toute exploitation industrielle signifie l’explosion d’une bombe au carbone », dit Irène Wabiwa Betoko, qui dirige le projet Bassin du Congo de Greenpeace. « Si l’exploitation pétrolière a lieu dans ces zones, nous devons nous attendre à une catastrophe climatique mondiale, et nous devrons tous simplement regarder, impuissants. »

Joseph Kouamé

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