Le dégel du permafrost comporte le risque de libérer des virus très anciens, parfois encore infectieux. Une étude préalable à la publication a mis en garde contre une « menace pour la sécurité publique » potentielle.
Les effets du réchauffement climatique sont multiples . Outre la montée du niveau de la mer, l’augmentation des incendies de forêt ou la perturbation de la production agricole sont les risques de propagation du « virus zombie ». C’est la conclusion d’une étude prépubliée (donc non revue) le 10 novembre.
Dirigée par le microbiologiste du CNRS, Jean-Marie Alempic, une équipe de scientifiques a étudié 13 virus présents dans le permafrost sibérien. Selon l’étude, « un quart de l’hémisphère Nord est recouvert de sol gelé en permanence » : ce sol gelé est connu sous le nom de permafrost, ou pergélisol. Par exemple, il couvre une grande partie du Canada, de la Sibérie et de l’Alaska.
Les scientifiques ont découvert qu’au moins l’un d’entre eux est toujours contagieux, même après avoir passé 48 500 ans dans le gel. Pourtant , le réchauffement climatique fait fondre le pergélisol et le phénomène a déjà commencé, selon les Nations Unies. Ainsi, la décongélation peut entraîner la libération de virus encore infectieux.
« Heureusement, nous pouvons raisonnablement espérer qu’une épidémie causée par une bactérie pathogène préhistorique réactivée pourrait être rapidement contrôlée par les antibiotiques modernes à notre disposition », écrivent les auteurs de l’étude. Mais « la situation serait bien plus désastreuse dans le cas de maladies végétales, animales ou humaines causées par la résurgence d’un ancien virus inconnu », ajoutent-ils.
L’étude souligne qu’il est encore impossible d’estimer combien de temps ces virus peuvent rester infectieux « lorsqu’ils sont exposés à des conditions extérieures (lumière UV, oxygène, chaleur) » « et quelle serait la probabilité « qu’ils rencontrent et infectent un hôte approprié dans l’intervalle ».
Cependant, les scientifiques avertissent que « les risques ne peuvent qu’augmenter avec le réchauffement climatique, car le dégel du pergélisol continuera de s’accélérer et davantage de personnes s’installeront dans l’Arctique dans le sillage des entreprises industrielles ».
Par conséquent, ils pensent que ce serait une erreur de penser que le « virus zombie » n’est pas une « menace pour la santé publique ».
Charles Louvain