Malgré six votes entre les journées de mardi et mercredi, le siège du « speaker » de la Chambre des représentants reste désespérément vide. Une poignée de républicains bloquent l’élection d’un des leurs, Kevin McCarthy.
Impasse politique aux États-Unis d’Amérique. La majorité républicaine de la Chambre des représentants des États-Unis a échoué à six reprises dans sa tentative d’élire son président, le « speaker of the House ». Les démocrates se frottent les mains devant cette démonstration de division qui, si elle se prolonge, pourrait plonger le pays dans la paralysie.
Cela n’était pas arrivé depuis 100 ans : les élus de la « Chambre américaine des représentants » ont clos leur séance, mardi 3 janvier et mercredi 4 janvier, sans être capables d’élire un président, alors que de fortes tensions dans les rangs républicains plongent le Congrès dans l’incertitude.
Grand favori pour remplacer Nancy Pelosi, le quinquagénaire Kevin McCarthy n’était pas parvenu, après trois votes successifs, à calmer la fronde émanant d’un groupe de trumpistes jugeant l’élu trop modéré. Les élus se sont accordés pour suspendre leurs votes jusqu’à mercredi matin le temps de négocier en coulisses. Mais, ce mercredi, aucune solution n’a été trouvé.
Les républicains, qui se sont emparés de la majorité à la chambre basse aux élections de novembre, avaient promis d’user de leur nouveau contre-pouvoir en ouvrant une série d’enquêtes sur le président états-unien, Joe Biden. Mais le lancement de telles hostilités est paralysé par ces querelles internes : les élus de la Chambre des représentants ne peuvent pas officiellement prêter serment, et donc ouvrir quelconque investigation, tant qu’un président n’est pas désigné.
218 voix
L’élection du « speaker », le troisième personnage le plus important de la politique des Etats-Unis d’Amérique après le président et le vice-président, nécessite une majorité de 218 voix. Un seuil que Kevin McCarthy ne parvenait pas à atteindre, une vingtaine d’élus trumpistes ayant décidé de jouer les trouble-fête. « Il ne faut pas le prendre personnellement, mais l’avenir de notre pays en dépend », a assuré Chip Roy, turbulent élu du Texas.
La candidature de Kevin McCarthy est pourtant largement soutenue au sein de son parti : l’annonce de sa nomination mardi dans l’hémicycle a été reçue par une grande ovation debout dans les rangs républicains.
Au début du troisième tour, un certain agacement commençait à se faire sentir, les républicains les plus modérés exhortant leurs collègues à se ranger autour de Kevin McCarthy. « Nous sommes venus ici pour accomplir des choses », a plaidé le chef du groupe républicain, Steve Scalise, à quoi les démocrates ont opposé des rires.
Tout au long de cette procédure, le parti de Joe Biden a fait bloc autour de la candidature du chef démocrate Hakeem Jeffries, applaudissant régulièrement l’élu de New York aux sons de « Hakeem, Hakeem, Hakeem ! ». Mais l’élu ne dispose pas non plus d’assez de voix pour accéder au perchoir.
L’élection d’un président de la Chambre des représentants pourrait être l’affaire de quelques heures… ou de plusieurs semaines : en 1856, les élus du Congrès ne s’étaient accordés qu’au bout de deux mois et 133 tours.
Kevin McCarthy semble vouloir donner des gages à cette frange conservatrice pour éviter que l’histoire ne bégaie : en 2015, il avait déjà échoué de peu à devenir président de la Chambre des représentants face à une fronde de l’aile droite du parti. Mais il ne peut pas se permettre d’aller trop loin et de s’aliéner les républicains modérés.
Bien que sa marge de manœuvre soit réduite, il n’a, pour l’instant, pas de concurrent crédible. Seul le nom de l’élu de l’Ohio Jim Jordan circule comme possible alternative, sans que ses chances ne semblent sérieuses.
Didier Maréchal