La Turquie a mis un “coup d’arrêt”, mardi 24 janvier, à l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’organisation transatlantique.
“Le président turc a déclaré lundi dernier que la Suède ne devait pas s’attendre à ce que son pays soutienne son adhésion à l’Otan”, relate « Il Sole 24 Ore ». En cause, notamment, une manifestation près de l’ambassade de Turquie à Stockholm le week-end dernier, pendant laquelle un exemplaire du Coran a été brûlé par un militant d’extrême droite.
Les autorités turques ont reporté « indéfiniment » une réunion trilatérale avec la Suède et la Finlande pour discuter de l’adhésion des deux pays à l’OTAN, après une série de manifestations à Stockholm au cours desquelles des effigies du président turc Recep Tayyip Erdogan et même des exemplaires du Coran ont été brûlés.
Après l’intrusion russe en l’Ukraine, Suède et Finlande se sont simultanément portées candidates à l’adhésion à l’Alliance atlantique en mai dernier. Si les deux pays ont, depuis, été invités à rejoindre l’organisation, leur intégration doit être ratifiée par l’ensemble de ses Etats membres.
La Turquie a demandé l’annulation de ce mécanisme trilatéral, qui vise à renforcer l’adhésion des deux pays à l’Alliance atlantique. Les pourparlers, qui remontent à août 2022, devaient avoir lieu en février, selon le Daily Sabah.
Les tensions se sont accrues ces dernières semaines, la Turquie ayant condamné la Suède pour avoir autorisé des manifestations devant l’ambassade de Turquie dans le pays, et continuant à accuser Stockholm d’autoriser les partisans du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) – qu’Ankara considère comme une organisation terroriste – à organiser des manifestations contre la Turquie.
Depuis qu’elles ont soumis leur demande officielle d’adhésion en mai 2022, au plus fort de l’intrusion de l’Ukraine par la Russie, la Suède et la Finlande ont demandé l’approbation de la Turquie pour rejoindre le bloc. Toutefois, Ankara a demandé une série de garanties, notamment à la Suède, concernant précisément les dissidents et les membres présumés du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Elle a accusé le pays d' »héberger des terroristes ». Cependant, au cours du mois dernier, le soutien public aux groupes kurdes que la Turquie considère comme des terroristes a augmenté, entraînant une hausse des tensions entre les deux pays, ce qui semble compromettre les pourparlers.
La situation a même conduit le gouvernement finlandais à mettre sur la table la possibilité de poursuivre le processus d’adhésion sans la Suède. Mardi, le ministre finlandais des Affaires étrangères, Pekka Haavisto, a reconnu, pour la première fois, que les deux pays devaient repenser la stratégie consistant à avancer ensemble si nécessaire. « Nous devons être prêts à réévaluer la situation », a-t-il déclaré.
La Suède maintient qu’elle a rempli tous ses engagements dans le cadre du pacte, mais Erdogan a prévenu qu’en l’état actuel des choses, le gouvernement suédois ne peut « attendre » l’approbation finale de l’adhésion de la Suède.
Joseph Kouamé