La Suisse ne veut pas prendre part au conflit en Ukraine qui oppose Kiev à Moscou. Non seulement directement mais aussi de manière indirecte. Le pays va se débarrasser de batteries aériennes encore en état de marche, au moment où Kiev réclame toujours plus d’armes pour se défendre face à la Russie.
La Suisse va prochainement détruire plusieurs systèmes de défense sol-air au lieu de les envoyer à l’Ukraine, gardant notamment sa neutralité.
La Confédération a décidé de se débarrasser prochainement de 60 systèmes de défense sol-air Rapier, une batterie antiaérienne développée par la British Aircraft Corporation dans les années 1960, rapporte « Le Matin ». Un système qui « se distingue par un temps de réaction court, une grande précision de tir et une puissance de destruction considérable », selon l’armée suisse et qui a notamment servi à la protection de l’espace aérien pendant les JO de Londres en 2012.
Toutes les unités de ce système de défense antiaérienne dont l’armée suisse dispose sont en train d’être mises hors service confirme Armasuisse (Office fédéral de l’armement) au media helvète « NZZ am Sonntag » : « Les armes suisses ne doivent pas être utilisées dans des guerres », avait déjà expliqué le président de la Confédération suisse, Alain Berset, dans un entretien à ce journal. Le pays a déjà interdit à plusieurs reprises à ses partenaires européens qui souhaitaient transférer des munitions de fabrication suisses à l’armée ukrainienne, de le faire.
Mais des élus suisses s’étonnent de la décision sur la destruction des systèmes de défense antiaérienne Rapier. Rien n’empêchait effectivement leur transfert en Ukraine. Selon le droit de la neutralité suisse, envoyer ce matériel de guerre sur le front n’aurait posé aucun problème juridique puisque ce ne sont pas des armes suisses, mais britanniques, note « Le Matin ». Les autorités suisses ont décidé d’appliquer sa neutralité de manière élargie.
« Il est absurde que nous mettions à la ferraille des armes de défense qui fonctionnent », regrette ainsi le conseiller national (député, NDLR) François Pointet (Vert’lib/VD) dans les colonnes du journal romand. D’autant que « ces missiles sont certes vieux, mais ils ne sont pas non plus complètement obsolètes », explique Peter Schneider l’ancien directeur de la Revue militaire suisse dans les colonnes du journal « Le Monde ».
En fait, ce qui fut surprenant, et même choquant, dans l’attitude de la Suisse, concernant ce conflit Russo-Ukrainien, c’est qu’elle soit sorti de sa neutralité, il y a un an, non seulement votant le vote contre la Russie, mais aussi en fournissant armes et munitions, alors que le pays n’avait violé sa neutralité durant la seconde guerre mondiale, ne s’opposant pas à l’Allemagne nazie.
Didier Maréchal