Les pays européens ne cessent de s’armer depuis le début de l’intrusion russe de l’Ukraine, fin février 2022. Pour répondre aux besoins en équipement de Kiev les pays européens multiplient leurs commandes de matériel militaire. (Avec Korii).
Alors que le gouvernement israélien est réticent à livrer des armes à l’Ukraine, l’industrie de l’armement du pays – dirigée par Rafael Advanced Defence Systems, Israel Aerospace Industries (IAI) et Elbit Systems – voit clairement les contrats potentiels que ce changement d’attitude du Vieux Continent pourrait entraîner. . . Elle a d’ailleurs su saisir certaines de ces opportunités ces derniers mois.
L’Allemagne aurait ainsi récemment obtenu l’autorisation des États-Unis d’Amérique d’acquérir le système de défense antiaérienne américano-israélien « Arrow 3 », développé conjointement par IAI et Boeing, pour un montant d’environ 3 milliards de dollars (2,73 milliards d’euros). De son côté, la Grèce a commandé des missiles antichar « Spike » et des mini-drones tactiques « Orbiter 3 », tous deux fabriqués par Rafael, dans le cadre d’un contrat de 370 millions d’euros.
Au même moment, la Finlande a officialisé son projet d’acquérir le système de défense antimissile « Fronde de David », conçu par l’israélien Rafael et l’états-unien Raytheon, et le Danemark a déjà commandé, début mars, des obusiers automoteurs « Atmos » à Elbit pour remplacer ses Caesar français livrés à l’Ukraine.
«Le conflit a mis en évidence les principes de manœuvre terrestre et de maintien du territoire conquis pendant la bataille», analyse Niv Cohen, responsable des systèmes terrestres chez Rafael. «Cette compréhension des exigences opérationnelles a conduit des pays d’Europe et du monde entier à élaborer des plans d’achat et d’approvisionnement en véhicules de combat, en particulier de chars.»
Rafael mise également sur ses systèmes de «protection active» de char en réalité, un canon qui abat automatiquement tout projectile se dirigeant vers le blindé qui équipe déjà les Abrams états-uniens et Leopard allemands, dont certains ont été promis à l’Ukraine. Elle a également noué des partenariats avec des acteurs de la défense allemands et espagnols pour une production en Europe.
Le groupe Elbit, qui a racheté l’israélien IMI Systems en 2019, parie quant à lui sur les munitions et missiles, notamment pour les pays dont les stocks se retrouvent amoindris par les livraisons d’armes à Kiev, sur les systèmes de protection, ainsi que sur les équipements de guerre électronique.
IAI met, de son côté, en avant ses missiles. comme le « Barak » (non pas en référence à l’ancien président des Etats-Unis d’Amérique, mais parce que « barak » en hébreux signifie « éclair » – ndlr), ses munitions rôdeuses (ou drones kamikazes) et ses radars. La République tchèque, la Slovaquie et la Hongrie ont déjà acquis le radar utilisé par le système israélien de défense antiaérienne « Dôme de fer », lequel intéresse aussi l’Allemagne.
Didier Maréchal