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NewJeans et ADOR : la justice coréenne confirme l’injonction, un frein lourd à la carrière du groupe K-pop

Le 17 juin 2025, la Cour d’appel de Séoul a confirmé une injonction interdisant aux membres du groupe sud-coréen NewJeans de mener toute activité artistique ou commerciale en dehors du cadre fixé par leur agence ADOR. Cette décision judiciaire marque un tournant dans un conflit contractuel qui secoue l’un des groupes phares de la K-pop contemporaine et soulève des questions plus larges sur les droits des artistes et les pratiques des agences dans l’industrie musicale coréenne.

Depuis novembre 2024, NewJeans, groupe formé en 2022 et devenu rapidement un phénomène mondial, a souhaité mettre fin à son contrat avec ADOR, filiale du géant HYBE Corporation, qu’elle accuse de manquements contractuels, notamment un encadrement jugé trop restrictif et un manquement à la protection des droits des artistes. Le groupe a aussi commencé à se produire sous le nom alternatif « NJZ », contestant ainsi le monopole de l’agence sur leur image et leur activité.

Face à cette volonté d’émancipation, ADOR a saisi la justice pour obtenir une injonction, empêchant légalement NewJeans de poursuivre toute activité indépendante. La confirmation récente de cette injonction par la Cour d’appel signifie que les membres du groupe doivent suspendre leurs projets hors de l’agence, sous peine de sanctions civiles ou pénales.

Ce différend illustre la complexité des relations entre agences et artistes dans l’industrie sud-coréenne de la musique pop, où les contrats exclusifs à long terme sont la norme et où les agences détiennent un contrôle étendu sur la carrière, l’image, et les activités commerciales des groupes.

La situation de NewJeans n’est pas isolée : plusieurs autres artistes ont tenté ces dernières années de se libérer de contrats contraignants, parfois avec succès, parfois en se heurtant à des blocages juridiques importants. L’affaire interroge donc la question de l’équilibre des pouvoirs dans un secteur où la réussite économique dépend autant du talent que du contrôle de la marque et de l’image.

La décision de justice a entraîné un arrêt temporaire des activités publiques du groupe. Plusieurs marques ayant collaboré avec NewJeans ont annoncé leur retrait, remplaçant le groupe dans leurs campagnes publicitaires. Cette mise en pause fragilise la visibilité internationale d’un groupe encore jeune, mais déjà icône mondiale.

Dans un communiqué, NewJeans a indiqué respecter la décision sans pour autant renoncer à défendre leurs droits dans la suite du procès, prévu pour examiner la validité du contrat exclusif en juillet 2025. Le groupe a aussi souligné son désir de retrouver une autonomie artistique, revendication partagée par nombre d’artistes à travers le monde.

Si la cause concerne directement la K-pop et l’industrie sud-coréenne, elle rejoint un débat global sur la gouvernance des talents, la gestion des contrats, et les droits fondamentaux des artistes. La popularité mondiale de NewJeans, notamment auprès des jeunes générations, fait de ce litige un cas d’école sur la manière dont la mondialisation culturelle confronte les artistes aux structures commerciales.

Le cas NewJeans pourrait accélérer des évolutions juridiques et réglementaires en Corée du Sud. Le gouvernement coréen, sous pression depuis plusieurs années pour protéger les artistes contre les clauses abusives, observe ces dossiers avec attention.

Il reste à voir si les prochains mois permettront à NewJeans de renouer avec une carrière plus libre, ou si leur trajectoire servira d’avertissement pour d’autres artistes désireux de prendre le contrôle de leur destin artistique.

Concert d’Amir à Lens : des drapeaux palestiniens et une réponse sous tension maîtrisée

À Lens, lors de la Fête de la Musique du 21 juin, le chanteur franco-israélien Amir a vu son concert perturbé par des spectateurs brandissant des drapeaux palestiniens. Une scène symptomatique d’un climat politique qui déborde de plus en plus les frontières de l’arène diplomatique pour investir les scènes culturelles.

Alors qu’il interprétait une chanson dédiée à sa grand-mère, née au Maroc, le chanteur Amir Haddad a été confronté à plusieurs spectateurs exhibant des drapeaux palestiniens, visiblement en réaction à ses origines israéliennes. Un échange tendu s’en est suivi. Loin d’ignorer la provocation, l’artiste a choisi d’y répondre calmement, tout en affirmant sa posture personnelle.

« Je vais vous donner un tout petit peu d’importance, histoire de vous transmettre une leçon », a-t-il déclaré au micro, avant de rappeler qu’il a grandi en Israël, et que sa chanson évoquait les valeurs de transmission familiale.

Face à une phrase entendue dans le public « Ça te fait mal aux yeux, des drapeaux ? » Amir a préféré clore l’incident par un appel à la paix : « Salam, Shalom, Peace. » Une manière pour lui d’inviter au dépassement des antagonismes, malgré la charge politique implicite du geste des spectateurs.

Cette scène survenue dans une ville française de province illustre l’irruption croissante de la question israélo-palestinienne dans les espaces culturels européens. Depuis plusieurs mois, les scènes musicales voient se multiplier les références à Gaza, à la Cisjordanie ou à l’occupation, que ce soit par des artistes militants comme le duo britannique Bob Vylan interdit d’entrée aux États-Unis d’Amérique après des propos jugés offensants envers Israël ou plus récemment, par le groupe nord-irlandais Kneecap à Glastonbury.

Mais dans le cas d’Amir, la situation est plus ambivalente. Né en France, élevé en Israël, le chanteur représente une double identité culturelle souvent incomprise dans les débats binaires. Sa réponse, bien que posée, n’est pas neutre : elle affirme un enracinement, sans pour autant appeler à l’exclusion ou au conflit.

L’incident de Lens interroge aussi la manière dont les sociétés européennes traitent les identités liées à des conflits internationaux. Loin d’un simple fait divers de concert, la scène révèle :

  • Une projection croissante des tensions géopolitiques sur les artistes,
  • Une difficulté à accueillir la complexité des trajectoires individuelles dans l’espace public,
  • Et une pression croissante sur les personnalités perçues comme affiliées à Israël.

L’épisode met également en lumière une forme de double standard : alors que certaines prises de position pro-palestiniennes sont applaudies, les artistes liés à Israël doivent souvent justifier leur identité avant même leur art. Cette asymétrie, dans un contexte de polarisation croissante, pose des questions profondes sur la liberté d’expression, l’espace du symbolique, et le rôle de l’art comme lieu de médiation ou, au contraire, de cristallisation idéologique.

Aucune prise de position officielle des autorités municipales ou culturelles de Lens n’a été formulée à ce jour. Ni condamnation de l’interpellation publique d’un artiste sur ses origines, ni rappel au cadre de la fête de la musique comme moment de rassemblement populaire. Ce silence institutionnel, souvent prudent dans ces cas, interroge sur la place que les pouvoirs publics souhaitent accorder au débat politique dans les espaces artistiques.

Plus que le fait lui-même, c’est sa récurrence dans l’espace culturel européen qui alerte. La montée des tensions importées du Proche-Orient se traduit par des actes symboliques qui visent à prendre possession de lieux perçus comme neutres concerts, festivals, expositions. Le drapeau devient ici un acte performatif, une tentative d’imposer une narration dans un espace qui ne lui était pas dédié.

Amir, en choisissant la maîtrise et le rappel à la paix, a répondu en tant qu’artiste, non en tant que porte-voix d’un État. Sa position souligne un paradoxe contemporain : dans un monde saturé de messages politiques, la posture du chantre de la paix semble presque subversive.

Grand Prix de la Francophonie 2025 : l’Académie française honore Akira Mizubayashi, écrivain japonais de langue française

L’Académie française a décerné, jeudi 27 juin 2025, son Grand Prix de la Francophonie à Akira Mizubayashi. Cette distinction consacre une œuvre rare : celle d’un écrivain japonais ayant choisi d’écrire en français, et dont les romans méditent la guerre, la mémoire et la musique.

Le Grand Prix de la Francophonie 2025 a été attribué à un écrivain peu ordinaire : Akira Mizubayashi. Japonais de naissance, francophone par amour de la langue, l’auteur est désormais une figure littéraire respectée dans l’espace éditorial français. Ce prix vient souligner une fidélité durable à la langue française, mais aussi une œuvre qui, sans jamais céder à l’exotisme de façade, propose un regard intérieur sur les blessures du XXᵉ siècle, l’héritage culturel européen et la complexité des identités.

Né en 1951 à Sakata, au nord du Japon, Akira Mizubayashi découvre le français à l’adolescence. Il étudie à Montpellier, puis à l’École normale supérieure (rue d’Ulm), avant de retourner enseigner au Japon, où il deviendra professeur de français à Tokyo. Il ne publiera cependant en français qu’à partir de 2011, avec Une langue venue d’ailleurs (Gallimard), un récit autobiographique dans lequel il raconte son lien charnel avec la langue française. Ce premier ouvrage lui vaut déjà, cette année-là, le Prix du Rayonnement de la langue et de la littérature françaises, décerné par l’Académie française.

Ce choix de ne pas simplement apprendre le français mais de s’y installer littérairement constitue une forme d’engagement. Pour Mizubayashi, « habiter une langue », c’est plus que la maîtriser : c’est y inscrire sa pensée, ses blessures, son art. En cela, son œuvre n’est pas un simple hommage à la francophonie : elle en est une réinvention intime, patiente, obstinée.

L’univers de Mizubayashi est traversé par la musique occidentale (Mozart, Bach, Beethoven), qu’il fait dialoguer avec la mémoire du Japon en guerre. Dans Âme brisée (2019, Prix des libraires 2020), il évoquait un enfant japonais dont le père violoniste est arrêté par l’armée impériale en pleine répétition. Ce roman a ouvert une trilogie autour des fantômes de la guerre, complétée par Reine de cœur (2022) et Suite inoubliable (2023).

Son prochain roman, La Forêt de flammes et d’ombres, paraîtra en août 2025, toujours chez Gallimard. Il s’ancre dans le Japon de 1944, à Tokyo, et suit un jeune homme envoyé sur le front mandchou, entre amour contrarié, effondrement militaire et reconstruction intérieure par l’art.

Le choix de l’Académie française de distinguer un écrivain non francophone de naissance s’inscrit dans une dynamique plus large : celle d’une francophonie qui ne se réduit pas aux anciennes sphères coloniales, ni aux périmètres institutionnels de l’Organisation internationale de la francophonie. Elle devient un espace mouvant, multilingue, où des auteurs comme Akira Mizubayashi, Alain Mabanckou, Scholastique Mukasonga ou encore Alice Kaplan (également primée cette année) redessinent les contours d’une littérature mondiale de langue française.

En consacrant Mizubayashi, l’Académie française reconnaît une œuvre qui, bien qu’exempte de militantisme, interroge profondément l’histoire culturelle de l’Europe et de l’Asie, l’héritage de la guerre, la violence idéologique et le pouvoir réparateur de la langue et de la musique.

Ce prix est aussi un rappel salutaire : la francophonie littéraire n’est pas qu’affaire de quotas, de diversité de façade ou de vitrine éditoriale. Elle suppose une exigence linguistique et une sincérité artistique. Mizubayashi n’a pas emprunté le français pour séduire un lectorat européen ; il l’a choisi comme un pays intérieur, comme l’espace où sa pensée trouve sa pleine forme.

Quand le smartphone tue le concert : Sabrina Carpenter pointe les dérives d’une époque hyperconnectée

À l’heure où la technologie s’immisce dans chaque instant de notre vie, le spectacle vivant, jadis espace privilégié d’échange et d’émotion directe, est confronté à une fracture profonde. Dans cette ère hyperconnectée, les smartphones, omniprésents dans les salles de concert, sont en train de transformer radicalement la nature même de l’expérience artistique.

Récemment, la chanteuse états-unienne Sabrina Carpenter a ravivé ce débat en annonçant qu’elle envisageait sérieusement d’interdire les téléphones portables lors de ses concerts. « Cela va vraiment énerver mes fans, mais oui, j’y pense », a-t-elle confié à Rolling Stone, dans le cadre de la promotion de son prochain album Man’s Best Friend, prévu pour le 29 août 2025.

Le constat de Sabrina Carpenter fait écho à de nombreuses situations observées ces derniers mois. Lors d’un concert de Justin Timberlake à Montréal, une fan absorbée par son téléphone n’a même pas perçu la présence du chanteur à quelques centimètres d’elle, privant ainsi l’artiste d’une interaction directe. À Berlin, c’est Chris Brown qui, excédé par une fan focalisée sur son smartphone, a saisi puis jeté l’appareil dans la foule.

Ces anecdotes ne sont pas anodines. Elles traduisent un phénomène plus large : filmer le concert au lieu de le vivre engage une relation médiatisée, éclatée, où l’instant présent est vécu à travers un écran. Or, les études comportementales sont claires : la majorité des vidéos et photos capturées en ces occasions ne sont jamais ou très rarement visionnées à nouveau. Le souvenir réel du moment, lui, s’efface.

L’omniprésence des écrans produit aussi un effet de coupure entre les individus. Le smartphone agit comme un filtre qui détourne les regards, anesthésie les émotions et érode la capacité à partager une expérience collective authentique. Cette distanciation répétée impacte la qualité des interactions humaines.

Les travaux en sciences sociales et en neuropsychologie mettent en garde : l’usage intensif des écrans, notamment chez les jeunes générations, contribue à une baisse réelle de l’empathie et à une difficulté accrue à vivre pleinement l’instant présent.

Au-delà des conséquences sociales et émotionnelles, la prolifération des vidéos amateurs diffusées sur les réseaux sociaux constitue un véritable préjudice pour les artistes et les professionnels de la production.

Ces captations, souvent de qualité médiocre, sont largement partagées avant même la sortie officielle des DVD ou des enregistrements télévisés. Cette exposition non autorisée rogne les ventes et les droits d’auteur, privant ainsi les artistes, producteurs et distributeurs de revenus essentiels. Ces ressources sont pourtant indispensables pour financer des événements toujours plus ambitieux et garantir la pérennité de la création artistique.

De surcroît, la diffusion prématurée de ces contenus enlève aux spectateurs futurs l’effet de surprise et l’émerveillement liés à la découverte directe du spectacle.

Face à ces enjeux, plusieurs artistes de renom ont adopté des politiques interdisant l’usage des téléphones pendant leurs concerts. Jack White, Bob Dylan, Adele ou Iron Maiden ont mis en place des dispositifs de type pochettes verrouillées, empêchant la captation pendant le spectacle.

La démarche de Sabrina Carpenter s’inscrit ainsi dans une dynamique de résistance à la standardisation numérique, visant à préserver la magie de l’instant vécu et le lien direct entre artistes et public.

Dans un monde saturé d’images et de sollicitations numériques, le simple geste de poser son téléphone et de lever les yeux prend une dimension nouvelle. Il s’agit d’un choix conscient de vivre pleinement, sans filtre, la richesse d’un moment partagé.

L’appel de Sabrina Carpenter dépasse la simple question d’une règle en salle : c’est une invitation à réaffirmer l’importance de l’authenticité, de la présence et de l’émotion humaine, dans une époque où la technologie peut facilement devenir un obstacle à ces valeurs fondamentales.

Royaume-Uni : le rappeur nord-irlandais Mo Chara poursuivi pour soutien présumé au Hezbollah

Le rappeur nord-irlandais Liam Óg Ó hAnnaidh, plus connu sous le nom de scène Mo Chara, membre du groupe de hip-hop militant Kneecap, a comparu ce mercredi 18 juin devant le tribunal de Westminster à Londres. Il est poursuivi pour avoir, selon l’accusation, manifesté un soutien public à une organisation classée terroriste au Royaume-Uni : le Hezbollah.

L’affaire trouve son origine dans un concert donné par le groupe le 21 novembre 2024 à Londres. Lors de la prestation, Mo Chara aurait agité un drapeau du Hezbollah et scandé des slogans évoquant le Hezbollah et le Hamas. Ces faits, enregistrés sur des vidéos ultérieurement diffusées, ont conduit la police britannique à ouvrir une enquête en avril dernier.

Depuis 2019, le Hezbollah figure sur la liste officielle des organisations terroristes au Royaume-Uni. La législation antiterroriste britannique interdit toute démonstration publique de soutien à de telles organisations. L’accusation repose sur les dispositions du Terrorism Act 2000, particulièrement strict en matière de signalements et de manifestations de sympathie envers des groupes proscrits.

Lors de cette première comparution, Mo Chara a été libéré sous caution sans condition. La prochaine audience a été fixée au 20 août 2025. D’ici là, la défense entend soulever des arguments juridiques portant notamment sur la recevabilité des poursuites, évoquant un éventuel dépassement du délai légal de six mois applicable à certains chefs d’accusation.

En marge de l’audience, plusieurs centaines de sympathisants se sont rassemblés devant le tribunal londonien, agitant drapeaux irlandais et palestiniens. Le rassemblement s’est déroulé dans le calme, mais a mis en lumière l’intérêt que suscite cette affaire au-delà des cercles judiciaires, sur fond de débats politiques et culturels.

Formé en 2017, Kneecap s’est fait connaître pour ses textes mêlant anglais et gaélique, ainsi que pour ses prises de position politiques affirmées en faveur de la réunification de l’Irlande et d’un soutien revendiqué à la cause palestinienne.

Le groupe conteste toute intention de soutenir des organisations terroristes. Selon les déclarations de ses membres, le drapeau du Hezbollah aurait été lancé sur scène par un spectateur et certains slogans auraient été sortis de leur contexte. Mo Chara et ses collègues ont toutefois présenté des excuses publiques à des familles de victimes d’attentats politiques au Royaume-Uni, tout en critiquant ce qu’ils qualifient de traitement médiatique partial.

Interrogé sur l’affaire, le Taoiseach (Premier ministre) irlandais Micheál Martin a rappelé que toute expression de soutien au Hezbollah est inacceptable, en référence notamment à des précédents historiques impliquant l’organisation au Liban. Toutefois, le gouvernement irlandais n’a pas souhaité commenter le fond du dossier en cours d’instruction.

Au-delà de la procédure judiciaire, cette affaire soulève des interrogations plus larges sur les limites de la liberté d’expression artistique face aux exigences sécuritaires. Dans plusieurs pays européens, et notamment au Royaume-Uni, les prises de parole publiques sur des conflits sensibles comme celui du Proche-Orient font l’objet d’une vigilance accrue, sur fond de tensions internationales.

Le procès prévu en août devrait permettre de clarifier l’appréciation des faits au regard de la loi, tout en ravivant le débat plus global sur l’équilibre entre lutte contre le terrorisme et protection des libertés publiques dans les sociétés démocratiques.

Nota rédactionnel : conformément à sa ligne éditoriale, La Boussole – infos présente les faits avec rigueur, contextualisation et impartialité, sans commenter les procédures judiciaires en cours.

Brian Wilson s’est éteint à 82 ans : un artisan de la beauté musicale mondiale

Brian Wilson, membre fondateur du groupe états-unien The Beach Boys, est décédé le 11 juin 2025 à l’âge de 82 ans. Il était l’une des figures majeures de la musique populaire du XXe siècle. Compositeur, arrangeur, producteur, il a marqué son époque par un sens mélodique rare et une quête d’harmonie qui résonne bien au-delà des frontières des États-Unis d’Amérique.

Dans les années 1960, Wilson façonne avec ses frères et amis ce qui deviendra le California sound, un style musical mêlant harmonies vocales riches, orchestrations subtiles et images idéalisées de la jeunesse. Derrière les succès tels que Surfin’ U.S.A., I Get Around ou California Girls, se dessine une vision du monde à la fois joyeuse et mélancolique.

Ce contraste s’approfondira dans son œuvre la plus saluée : Pet Sounds (1966). Cet album, aujourd’hui considéré comme l’un des plus influents de l’histoire de la musique, fut salué notamment par les Beatles, qui y virent une source d’inspiration directe pour leur propre travail.

Au fil des ans, Brian Wilson s’est aussi distingué par sa profonde sensibilité artistique, parfois difficile à concilier avec les exigences de l’industrie musicale. Il a connu des épisodes de repli, liés à des troubles psychiques avec lesquels il a vécu pendant de longues années, notamment un diagnostic de schizo-affectivité. Malgré ces épreuves, il n’a jamais cessé d’inspirer des générations de musiciens.

Après la disparition de son épouse Melinda Ledbetter en 2024, son état de santé s’était fragilisé. Une mesure de protection juridique avait été mise en place pour garantir son bien-être au quotidien. Sa famille a confirmé son décès dans un message sobre et émouvant.

L’influence de Brian Wilson dépasse largement la scène états-unienne. Ses compositions ont nourri le travail de nombreux artistes à travers le monde, et son approche de la production sonore continue d’être étudiée dans les écoles de musique.

Dans un monde où la musique est souvent soumise à l’instantanéité, l’œuvre de Wilson rappelle l’importance du travail en profondeur, du soin porté au détail, et de l’émotion sincère. Elle résonne aujourd’hui encore auprès d’auditeurs de toutes générations.

Brian Wilson ne fut pas seulement une icône d’une époque. Il incarne une manière de faire de la musique qui allie exigence technique, intuition artistique et goût du risque. Sa voix s’est tue, mais sa musique continue d’habiter les mémoires collectives.

Sly Stone est mort : le funk perd l’un de ses architectes les plus radicaux

Le 9 juin 2025, Sylvester Stewart alias Sly Stone s’est éteint à Los Angeles à l’âge de 82 ans. Derrière les paillettes psychédéliques et les grooves effervescents, ce pionnier états-unien du funk laisse une empreinte culturelle et politique d’une rare densité.

Il fut l’un des artistes les plus novateurs du XXe siècle. Fondateur du groupe Sly and the Family Stone, Sly Stone a profondément transformé le paysage musical mondial, au croisement du funk, de la soul, du rock et de la contre-culture. Le musicien est décédé des suites d’une maladie pulmonaire chronique, entouré de ses proches. Si la nouvelle de son décès bouleverse la scène musicale mondiale, elle offre aussi une occasion de revisiter un legs artistique qui déborde largement du champ du divertissement.

Né au Texas en 1943 et élevé en Californie dans une famille religieuse, Sly Stone se forme très tôt à la musique gospel. Multi-instrumentiste surdoué, il devient producteur et animateur radio avant de fonder, en 1966, un groupe qui ne ressemble à aucun autre : Sly and the Family Stone. Un collectif mixte, tant sur le plan racial que genré fait rare, voire révolutionnaire à l’époque, où Noirs et Blancs, hommes et femmes, partagent la scène et la création. Le choix est hautement politique, en plein contexte de luttes pour les droits civiques aux États-Unis d’Amérique.

À travers des titres comme Everyday People, Family Affair ou Thank You (Falettinme Be Mice Elf Agin), le groupe impose une esthétique nouvelle. Le groove est tendu, syncopé, électrisant. Le message est clair : la musique est un vecteur de transformation sociale. Si James Brown a codifié le funk, Sly Stone en a démultiplié les possibilités harmoniques, narratives et spirituelles. Le genre devient un moyen de résistance, d’affirmation identitaire et d’utopie collective.

Au tournant des années 1970, le succès du groupe est fulgurant. There’s a Riot Goin’ On (1971) marque un virage plus sombre, lucide sur la désillusion post-hippie et la violence raciale persistante. L’album anticipe, par son ton grave et son tempo ralenti, l’émergence d’un funk introspectif, quasi crépusculaire. Prince, George Clinton, D’Angelo, Dr. Dre ou encore Public Enemy y puiseront une large part de leur inspiration.

Mais la trajectoire personnelle de Sly Stone bascule. Reclus, en proie à des addictions, il sombre progressivement dans l’oubli. Des décennies durant, l’architecte du funk moderne disparaît de la scène, au point de devenir une figure quasi mythique, entre errance et culte underground. Ce n’est qu’en 2023 qu’il refait surface avec la parution de ses mémoires, Thank You (Falettinme Be Mice Elf Agin), saluées pour leur sincérité et leur intelligence narrative. Le documentaire Sly Lives!, produit par Questlove, en a récemment ravivé l’éclat.

Le décès de Sly Stone suscite une vague d’hommages à travers le monde. Au-delà de la nostalgie, c’est une œuvre profondément actuelle que redécouvre le public. L’insistance sur l’unité dans la diversité, la critique des hiérarchies raciales, la valorisation des identités collectives et hybrides, autant de thèmes qui résonnent fortement avec les débats contemporains.

Dans un contexte international marqué par la montée des crispations identitaires et les fractures sociales, la musique de Sly Stone apparaît comme un antidote. Son funk ne prônait pas le repli, mais la fusion. Sa vision, à la fois exigeante et joyeuse, s’adressait à une humanité plurielle.

Sly Stone ne fut jamais un simple amuseur. Il fut un expérimentateur, un passeur, un prophète musical. Son influence traverse les frontières culturelles et géographiques, bien au-delà des États-Unis d’Amérique. Elle rappelle que la musique peut servir à autre chose qu’au divertissement : elle peut inventer des futurs désirables.

En 2025, dans un monde où la quête de sens se confronte à des mutations accélérées, cette disparition n’est pas une fin. C’est un rappel. Celui que certaines œuvres, et certains artistes, continuent à vivre dans la mémoire collective comme autant de repères dans la tempête.

Musique : Nicole Croisille, une voix française à l’écho universel, s’éteint à 88 ans

La chanteuse et comédienne Nicole Croisille est décédée ce 4 juin 2025 à Paris, à l’âge de 88 ans. Figure discrète mais essentielle de la scène artistique francophone, elle laisse derrière elle un parcours d’une rare densité, marqué par l’exigence, l’émotion et la fidélité à une certaine idée de l’art.

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