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Réchauffement climatique et biodiversité : l’Islande découvre ses premiers moustiques

Pour la première fois, des moustiques ont été observés en Islande, un territoire jusque-là exempt de ces insectes. Ce phénomène inédit illustre la rapidité du réchauffement climatique et ses effets inattendus sur la biodiversité des régions jusqu’ici préservées.

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1. Un phénomène inédit

Début octobre 2025, dans la vallée glaciaire de Kjós, à une trentaine de kilomètres au nord de Reykjavik, trois moustiques ont été capturés : deux femelles et un mâle. Ils ont été identifiés comme appartenant à l’espèce Culiseta annulata, connue pour sa capacité à résister à des températures basses. Cette observation, confirmée par l’Institut islandais d’histoire naturelle le 20 octobre 2025, marque un tournant pour un territoire jusque-là considéré comme l’un des rares bastions mondiaux sans moustiques.

Jusqu’à présent, le climat rigoureux et l’absence de zones propices à la reproduction rendaient l’Islande inhospitalière pour ces insectes. L’arrivée de Culiseta annulata est donc un signal fort des transformations environnementales en cours.

2. Réchauffement climatique : moteur du changement

L’Islande se réchauffe à un rythme quatre fois supérieur à la moyenne mondiale, selon les données climatiques récentes. Cette accélération entraîne la fonte des glaciers et l’apparition de nouvelles zones humides qui offrent désormais des habitats favorables à certaines espèces jusque-là absentes.

Les scientifiques soulignent que ce phénomène n’est pas isolé : il s’inscrit dans un contexte global de migration d’espèces vers des latitudes et altitudes plus élevées. L’apparition des moustiques en Islande constitue ainsi un indicateur avancé des impacts du réchauffement climatique.

3. Impact sur la biodiversité et les écosystèmes

Culiseta annulata possède une remarquable capacité d’adaptation : elle peut survivre pendant l’hiver dans des structures telles que les granges et se reproduire dès le retour des températures plus clémentes. Cette faculté pourrait lui permettre de s’établir durablement en Islande.

L’introduction d’une nouvelle espèce peut perturber les chaînes alimentaires locales, affecter la faune indigène et modifier la biodiversité de l’île. Les chercheurs islandais observent déjà les premiers impacts potentiels sur les écosystèmes aquatiques et terrestres.

4. Santé publique et risques potentiels

Pour l’instant, Culiseta annulata n’est pas connue pour transmettre de maladies graves. Néanmoins, l’apparition de moustiques dans une région jusque-là exempte d’insectes piqueurs pose de nouveaux défis pour la santé publique et la gestion environnementale.

L’évolution de la situation nécessitera un suivi attentif, afin d’anticiper l’impact éventuel sur la population humaine et sur les pratiques agricoles locales.

5. Perspective internationale

Ce phénomène islandais s’inscrit dans une tendance observée dans d’autres régions nordiques ou subarctiques, comme l’Alaska ou certaines parties de la Scandinavie, où le réchauffement climatique favorise la migration et l’adaptation d’espèces jusque-là confinées à des climats plus tempérés.

Il illustre également la rapidité avec laquelle les écosystèmes peuvent se transformer et rappelle que les effets du changement climatique ne se limitent pas aux événements extrêmes, mais touchent également la biodiversité et la répartition des espèces.

L’arrivée des moustiques en Islande symbolise la fragilité des derniers bastions naturels face au réchauffement climatique. Ce phénomène inédit incite à observer de près l’évolution de la faune et de la flore dans les régions arctiques, et souligne la nécessité d’anticiper les transformations écologiques à l’échelle globale.

Celine Dou

Australie : des forêts tropicales qui émettent plus de CO₂ qu’elles n’en absorbent

Pour la première fois, des forêts tropicales humides australiennes sont devenues des sources nettes de dioxyde de carbone. Cette inversion révèle les effets concrets du changement climatique et alerte sur la vulnérabilité des écosystèmes mondiaux dans la lutte contre le réchauffement.

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Les forêts tropicales du Queensland, un puits de carbone en danger

Une étude publiée le 16 octobre 2025 dans Nature montre que les forêts tropicales humides de l’est de l’Australie perdent aujourd’hui plus de carbone qu’elles n’en stockent. L’analyse de 11 000 arbres sur 20 sites forestiers, couvrant près de cinquante ans de données, met en évidence un déséquilibre inédit : la mortalité des grands arbres dépasse leur croissance, tandis que la régénération naturelle ne compense plus ces pertes.

Les chercheurs attribuent cette évolution à des températures plus élevées, des sécheresses plus fréquentes et des épisodes climatiques extrêmes, qui affaiblissent les arbres et modifient leur capacité à séquestrer le carbone. Ces forêts, longtemps considérées comme des puits de carbone essentiels, contribuent désormais au réchauffement.

Des conséquences planétaires

Cette inversion a des implications globales. Les forêts tropicales jouent un rôle crucial dans la régulation du climat en absorbant des milliards de tonnes de CO₂ chaque année. Si d’autres écosystèmes suivent la même trajectoire que ceux du Queensland, la progression du réchauffement pourrait s’accélérer, compliquant les efforts pour atteindre la neutralité carbone.

Sur le plan local, la mortalité accrue des arbres menace la biodiversité, perturbe les cycles hydrologiques et augmente le risque d’incendies. L’Australie, déjà frappée par des vagues de chaleur extrêmes et des incendies destructeurs, illustre la vulnérabilité des écosystèmes aux changements climatiques rapides.

Une alerte scientifique et politique

Les auteurs de l’étude soulignent l’urgence d’adapter les politiques de conservation et de gestion forestière. Il devient indispensable d’intégrer ces nouvelles données dans les modèles climatiques et les bilans mondiaux de carbone. La situation australienne démontre que même les forêts les plus robustes ne sont pas à l’abri des effets cumulés du changement climatique, et que les engagements internationaux doivent tenir compte de cette fragilité.

Perspectives

Pour limiter l’impact sur le climat, la protection et la restauration des forêts existantes sont cruciales. Les stratégies doivent inclure le reboisement, la régénération des zones dégradées et la surveillance accrue des écosystèmes vulnérables. Cette étude australienne constitue un signal d’alerte pour le monde entier : la lutte contre le réchauffement climatique repose autant sur la préservation des puits de carbone que sur la réduction des émissions anthropiques.

Celine Dou

Mer Caspienne : un géant silencieux menacé par le réchauffement climatique

Alors que le monde scrute l’élévation du niveau des océans, un autre phénomène moins médiatisé mais tout aussi inquiétant se déroule à l’Est : la baisse drastique du niveau de la mer Caspienne, révélatrice d’un déséquilibre climatique profond et d’une coopération régionale défaillante.

La mer Caspienne, plus grande mer fermée au monde, partagée par cinq États riverains (Russie, Kazakhstan, Iran, Azerbaïdjan, Turkménistan), connaît depuis plusieurs décennies un déclin progressif mais soutenu de son niveau. Entre 1996 et 2023, elle a perdu environ 2 mètres de profondeur, et les projections scientifiques évoquent une baisse possible de 9 à 18 mètres d’ici la fin du siècle, selon une étude publiée dans Communications Earth & Environment.

Contrairement aux océans menacés par la montée des eaux, la Caspienne fait face à un paradoxe géophysique : un recul de son littoral, avec des zones côtières qui gagnent du terrain à vue d’œil, notamment au Kazakhstan, où certaines portions du rivage ont reculé de 20 à 30 kilomètres.

Les experts s’accordent à identifier trois facteurs principaux :

~ Un réchauffement climatique global : les températures moyennes en hausse dans la région ont intensifié l’évaporation, contribuant à la perte hydrique de ce bassin endoréique (fermé).
~ La baisse du débit des fleuves : la Volga, qui fournit environ 80 % des apports en eau de la Caspienne, est elle-même affectée par les barrages, l’irrigation massive, et la mauvaise gestion hydrique en amont.
~ Des effets cycliques exacerbés : si la Caspienne a connu historiquement des phases de montée et de descente, les niveaux actuels dépassent largement la variabilité naturelle observée depuis plusieurs siècles.

L’assèchement progressif de la Caspienne entraîne une série de perturbations en chaîne :

~ Effondrement de la biodiversité : la faune endémique, notamment les esturgeons essentiels pour la production de caviar, et les phoques de la Caspienne, voient leurs habitats détruits ou fragmentés. La population de phoques a chuté de plus de 90 % en un siècle.
~ Recul économique : la pêche, le transport fluvial et certaines installations portuaires deviennent inopérants. Des communautés côtières, en Azerbaïdjan ou au Turkménistan, sont contraintes de se déplacer, faute de ressources et d’activité économique.
~ Crise environnementale locale : les anciens fonds marins desséchés libèrent des poussières salines et polluantes dans l’air, avec un impact croissant sur la santé publique (maladies respiratoires, allergies).

La Caspienne est juridiquement un espace complexe, soumis à un statut hybride entre mer et lac, longtemps objet de désaccords frontaliers. Si les pays riverains ont adopté en 2018 une convention de régulation partielle de son usage, aucun accord spécifique et contraignant sur la gestion environnementale du bassin n’a vu le jour.

La Russie, en amont de la Volga, détient un levier hydraulique considérable mais se montre peu encline à restreindre son usage industriel de l’eau. Le Kazakhstan a mis en place un observatoire national de suivi du phénomène, mais les efforts restent épars, faute de coordination régionale.

La mer Caspienne, en dehors de sa dimension énergétique (nombreux gisements de pétrole et de gaz offshore), suscite peu d’attention médiatique ou diplomatique. Pourtant, le scénario d’un assèchement partiel voire total d’ici 2100 bouleverserait l’équilibre écologique et géopolitique de l’ensemble de la région eurasiatique.

Les Nations unies et certaines ONG internationales plaident pour la création d’un cadre de gouvernance dédié, incluant une stratégie de préservation des ressources, une meilleure répartition des eaux fluviales, et une évaluation des impacts liés à l’extraction pétrolière.

Le cas de la mer Caspienne met en lumière un aspect souvent négligé de la crise climatique mondiale : la baisse du niveau des eaux dans les mers fermées, qui, contrairement à la montée des océans, n’est pas perçue comme une menace immédiate mais en est pourtant l’une des manifestations les plus redoutables.

Ce phénomène témoigne aussi de l’incapacité des acteurs régionaux à anticiper collectivement les transformations en cours, faute d’outils de gouvernance, de volonté politique ou d’intégration des logiques climatiques dans la planification géostratégique.

L’assèchement de la mer Caspienne est un avertissement géographique et politique. Il pose des questions cruciales : jusqu’où le climat peut-il bouleverser les équilibres territoriaux ? Quel rôle pour les États dans la préservation des biens communs régionaux ? Et que reste-t-il à espérer d’une gouvernance mondiale encore balbutiante face à des crises de plus en plus systémiques ?

Océans en détresse : à Nice, l’ONU tente de rallumer le phare de la conscience mondiale

Sous le ciel azuréen de la Méditerranée, la ville de Nice accueille cette semaine la troisième Conférence des Nations unies sur les océans (9–13 juin 2025). Un cadre séduisant pour une urgence pourtant alarmante : la santé des océans du globe se détériore à une vitesse telle que l’ONU parle d’un « point de rupture écologique ». Pollutions multiples, surexploitation, réchauffement climatique, acidification des eaux… les signaux d’alarme s’accumulent. Et avec eux, une interrogation de fond : la communauté internationale est-elle prête à faire de la protection des mers une priorité réelle, ou se contentera-t-elle d’annonces sans lendemain ?

Les chiffres sont saisissants. Les océans absorbent 90 % de la chaleur excédentaire liée aux émissions de gaz à effet de serre, et environ 25 % du CO₂ émis par les activités humaines. En d’autres termes, ils sont l’un des principaux régulateurs climatiques de la planète. Mais leur rôle d’« amortisseur écologique » atteint ses limites.

Par ailleurs, 11 millions de tonnes de plastique finissent chaque année dans les océans. D’ici 2040, ce chiffre pourrait presque tripler sans changement radical. Les microplastiques sont désormais présents jusque dans les abysses, menaçant les chaînes alimentaires marines et par ricochet, humaines.

À cela s’ajoute la surpêche massive, qui vide les mers à un rythme insoutenable : plus d’un tiers des stocks halieutiques mondiaux sont exploités au-delà de leur capacité de renouvellement.

Organisée en partenariat avec la France, cette conférence réunit plus de 60 chefs d’État et de gouvernement, des scientifiques, des représentants d’ONG, d’entreprises, et des populations autochtones marines. L’un des objectifs phares est de protéger 30 % des zones marines d’ici 2030, conformément à l’accord mondial sur la biodiversité adopté à Montréal en 2022.

Autre enjeu central : mobiliser au moins 100 milliards de dollars d’engagements financiers pour soutenir la transition vers une économie bleue durable. Mais au-delà des chiffres, le scepticisme demeure. Les précédentes conférences Lisbonne (2022), puis San José (2023) avaient produit des déclarations ambitieuses… sans réel mécanisme de contrainte ni suivi cohérent.

La gouvernance des océans est l’un des sujets les plus complexes de la diplomatie internationale. Les espaces maritimes échappent en grande partie aux juridictions nationales. Le récent Traité sur la haute mer, signé en 2023 à New York, visait à encadrer l’exploitation des zones marines internationales, mais sa ratification demeure lente et son application incertaine.

Les tensions s’exacerbent aussi entre grandes puissances maritimes : exploitation minière en eaux profondes, routes commerciales polaires, militarisation de certaines zones… La mer est un nouvel espace de rivalités. Et comme souvent, les pays du Sud, bien que peu responsables de la dégradation des océans, sont les premiers à en subir les conséquences : érosion des côtes, effondrement des pêches artisanales, migrations climatiques.

Au-delà des discours et des symboles, cette conférence interroge le modèle économique dominant. Peut-on réellement concilier croissance fondée sur l’exploitation des ressources et préservation des équilibres écologiques ? Le mythe d’un océan inépuisable s’effondre, mettant à nu la fragilité du lien entre humanité et nature.

La Méditerranée, en toile de fond de cette rencontre, illustre cette tension : une mer semi-fermée, extrêmement polluée, et surexploitée, mais aussi riche d’une biodiversité unique et de pratiques ancestrales de cohabitation durable. Elle est à la fois un laboratoire et un miroir du reste du monde.

Cette conférence ne sauvera pas à elle seule les océans. Mais elle pourrait marquer un tournant si les annonces sont suivies de mécanismes transparents, de financements effectifs et d’un renforcement du droit international. À l’heure où les nations riches réduisent leur aide au développement (voir nos précédents articles), un engagement fort en faveur des océans serait aussi un engagement en faveur de la justice mondiale.

Protéger les mers, c’est protéger l’avenir de tous et d’abord celui des peuples les plus vulnérables. L’océan est un bien commun : il est temps d’agir en conséquence.

Encadré : Quelques chiffres clés

  • 71 % de la surface terrestre est recouverte par les océans
  • 90 % de la chaleur liée au réchauffement climatique est stockée dans les mers
  • 30 % des espèces marines pourraient disparaître d’ici la fin du siècle sans inflexion
  • 54 % des pêches maritimes se font dans des conditions non durables
  • Objectif 2030 : protéger 30 % des océans

Grossesses sous pression climatique : quand la chaleur menace la vie avant la naissance

Le réchauffement climatique n’épargne aucun corps, pas même celui de la femme enceinte. Tandis que les températures mondiales grimpent, les risques liés à la grossesse augmentent : naissances prématurées, stress fœtal, complications maternelles, voire mortalité périnatale. Un enjeu de santé publique encore largement ignoré dans les stratégies climatiques internationales.

Chaque jour un peu plus chaud que le précédent. Chaque saison un peu plus longue, plus sèche, plus suffocante. Dans ce monde en surchauffe, le corps de la femme enceinte devient un terrain fragile, exposé à des agressions physiologiques qu’on commence tout juste à comprendre scientifiquement.

Les chiffres sont éloquents. Selon une méta-analyse récente couvrant 940 villes dans 247 pays, les « jours à risque thermique pour la grossesse » ont doublé en moins de deux décennies. Dans certains pays comme l’Inde ou l’Australie, les femmes enceintes doivent désormais composer avec jusqu’à six semaines supplémentaires de chaleur dangereuse chaque année.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) alerte : l’exposition à des températures supérieures à 35 °C pendant plusieurs jours consécutifs augmente de façon significative le risque de naissance prématurée, de faible poids à la naissance et de mortinatalité. Ces effets ne sont pas théoriques. Ils sont observés, documentés, quantifiés.

Pourquoi la grossesse est-elle si sensible à la chaleur ? Parce que le métabolisme maternel s’intensifie naturellement durant la gestation. Le volume sanguin augmente, le rythme cardiaque s’accélère, la température corporelle est légèrement plus élevée. Ce qui rend les femmes enceintes plus vulnérables à la déshydratation, aux coups de chaleur, et aux troubles de la régulation thermique.

Le stress thermique affecte également le fœtus. Des études menées en Gambie ou en Californie ont montré qu’une simple augmentation de 1 °C suffit à modifier le flux sanguin placentaire, à désynchroniser le rythme cardiaque fœtal, ou à provoquer un accouchement anticipé. En Australie, les femmes exposées à des épisodes de chaleur extrême au troisième trimestre ont deux fois plus de risques de prolongation de grossesse au-delà de 41 semaines, avec les complications que cela entraîne.

À cela s’ajoute la pollution atmosphérique, souvent corrélée aux pics de chaleur. Les particules fines (PM2,5), l’ozone et les oxydes d’azote pénètrent la circulation sanguine, atteignant le placenta, voire le fœtus. Ils sont associés à un risque accru de fausses couches, de retard de croissance intra-utérin et de troubles du développement neurologique.

Cette menace climatique ne frappe pas toutes les femmes de la même manière. Elle accentue les inégalités socio-économiques et géographiques.

Dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, les femmes enceintes ont moins accès à des systèmes de santé adaptés, à des lieux de travail climatisés ou à un suivi médical régulier.
En milieu rural, notamment en Afrique subsaharienne ou en Asie du Sud, les conditions de travail physique intense (agriculture, marché, portage) exposent les femmes à un stress thermique quotidien, sans possibilité de repli.
Les infrastructures hospitalières sont souvent inadéquates pour gérer les complications obstétricales liées à la chaleur ou aux maladies vectorielles amplifiées par le climat (paludisme, dengue, Zika).

C’est la double peine climatique : être enceinte et pauvre, dans une région chaude.

Malgré les alertes répétées de l’OMS, de l’UNICEF ou du Journal of Global Health, la santé maternelle reste quasiment absente des plans climat nationaux. Moins de 20 % des contributions nationales déterminées (NDC) dans le cadre de l’Accord de Paris mentionnent la vulnérabilité des femmes enceintes. Quant aux financements internationaux, ils privilégient encore les infrastructures ou la transition énergétique, reléguant la santé reproductive au second plan.

Il existe pourtant des solutions :

Mettre en place des systèmes d’alerte thermique adaptés aux femmes enceintes ;
Améliorer l’accès à l’eau potable et à la climatisation dans les maternités ;
Intégrer le suivi obstétrical dans les stratégies d’adaptation climatique ;
Former les sages-femmes et médecins aux nouveaux risques liés à l’environnement.

Au-delà des données médicales, il y a une question civilisationnelle : voulons-nous d’un monde où la grossesse devient un risque environnemental majeur ? Où porter la vie suppose de défier la température ambiante, l’air que l’on respire, la stabilité des saisons ?

Le réchauffement climatique n’est pas un phénomène abstrait. Il modifie la biologie intime des corps. Il touche l’origine même de l’humanité : la gestation. C’est pourquoi sa prise en compte dans les politiques publiques ne peut plus se limiter aux grands discours sur l’atténuation des émissions. Il faut descendre dans les détails, dans les ventres, dans les maternités, dans la vie réelle.

Le droit de naître en sécurité ne peut être dissocié du droit de vivre dans un environnement sain. Protéger la santé maternelle face au dérèglement climatique, c’est défendre à la fois l’avenir des enfants et la dignité des femmes. Cela exige une révolution dans nos priorités sanitaires, écologiques et sociales.