Archives du mot-clé #Résilience

Compliments excessifs et surprotection : des habitudes parentales qui peuvent favoriser l’égocentrisme chez l’enfant

Des chercheurs néerlandais et états-uniens alertent sur l’impact de certains comportements parentaux, comme les compliments systématiques et la surprotection, sur le développement psychologique des enfants. Ces pratiques pourraient accroître leur dépendance à la validation extérieure et encourager des comportements égocentriques.

Lire la suite: Compliments excessifs et surprotection : des habitudes parentales qui peuvent favoriser l’égocentrisme chez l’enfant

Une étude conjointe de l’université d’Amsterdam et de l’université de l’État de l’Ohio a analysé l’influence de certaines pratiques parentales sur le développement de traits narcissiques et d’égocentrisme chez les enfants. Les chercheurs se sont particulièrement intéressés aux compliments immérités et à la surprotection, c’est-à-dire à des comportements parentaux qui visent à éviter toute frustration ou déception pour l’enfant.

Selon les résultats observés, les enfants dont les parents multiplient les louanges sans fondement objectif peuvent développer une dépendance accrue à la validation externe. Cette dépendance s’accompagne d’une plus grande difficulté à gérer les échecs et les situations frustrantes, et, dans certains cas, de comportements interpersonnels qualifiés par les psychologues de manipulateurs ou égocentriques.

Les chercheurs insistent cependant sur le fait que ces effets ne sont ni systématiques ni inévitables. Le tempérament de l’enfant, le contexte familial global et l’environnement social jouent un rôle déterminant. Un enfant peut recevoir des compliments fréquents sans développer de traits narcissiques si l’éducation inclut la reconnaissance des efforts réels, l’acceptation des erreurs et l’apprentissage de la résilience.

Les psychologues du développement recommandent de valoriser les efforts concrets et les progrès réels, plutôt que de flatter systématiquement l’enfant. Le but est de renforcer une estime de soi solide et réaliste, qui ne dépende pas uniquement de l’approbation extérieure.

Eddie Brummelman, chercheuse en psychologie à l’université d’Amsterdam et coauteure de plusieurs travaux sur le sujet, souligne :

« L’enfant doit comprendre qu’il est aimé pour ce qu’il est, mais valorisé pour ce qu’il accomplit. Cette distinction est essentielle pour son développement émotionnel et social. »

Dans des sociétés où l’estime de soi est valorisée dès le plus jeune âge, et où la protection de l’enfant contre l’échec est souvent la règle, ces résultats rappellent l’importance de préparer les enfants à la réalité et à la frustration. La surprotection et les compliments systématiques ne doivent pas masquer l’apprentissage de la patience, de l’effort et de la gestion des émotions.

L’étude invite ainsi parents et éducateurs à réfléchir à l’usage des encouragements, pour qu’ils soient constructifs et adaptés au développement réel de l’enfant, plutôt que de créer des attentes irréalistes ou un besoin constant de reconnaissance.

Les compliments et la bienveillance restent essentiels dans l’éducation, mais leur usage doit être réfléchi. Une approche équilibrée valoriser les efforts réels, accompagner l’enfant dans l’apprentissage de la frustration et des erreurs constitue un levier fondamental pour construire une personnalité autonome et émotionnellement stable.

Celine Dou

Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse : l’autre crise planétaire qui avance en silence

Le 17 juin marque, chaque année, la « Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse ». L’occasion de braquer les projecteurs sur une crise environnementale souvent éclipsée par des phénomènes climatiques plus spectaculaires, mais qui affecte, lentement et inexorablement, les équilibres alimentaires, économiques, sociaux et géopolitiques de la planète entière.

Lire la suite Journée mondiale de la lutte contre la désertification et la sécheresse : l’autre crise planétaire qui avance en silence

Noémie Lenoir brise le silence sur un mal qui ronge : « Je suis alcoolique, et je le resterai toute ma vie »

Le témoignage de Noémie Lenoir n’est pas une confession de star en quête d’attention. C’est un cri lucide sur une maladie qui tue des millions de personnes chaque année et que nos sociétés refusent encore de traiter avec sérieux. En affirmant « Je suis alcoolique, et je le resterai toute ma vie », la comédienne alerte sur les ravages d’une dépendance souvent banalisée, parfois même valorisée. Ce n’est pas une revendication. C’est une alerte. Et elle mérite d’être entendue.

Lire la suite Noémie Lenoir brise le silence sur un mal qui ronge : « Je suis alcoolique, et je le resterai toute ma vie »

Ukraine : le tourisme de guerre se structure à l’ombre des combats

Dans un pays en guerre, une autre bataille se joue : celle du récit. Et l’Ukraine semble décidée à y impliquer les visiteurs étrangers. Deux ans après le déclenchement de l’invasion russe, des agences touristiques locales organisent des circuits dans les zones touchées par les combats. Irpin, Boutcha, Hostomel, Kharkiv : noms associés aux destructions de la guerre, devenus étapes d’un parcours guidé. À première vue, l’initiative peut sembler macabre. Mais en Ukraine, elle s’inscrit dans une stratégie politique et économique de plus long terme.

Un tourisme en temps de guerre : initiative isolée ou politique assumée ?

Les agences War Tours ou Capital Tours Kiev proposent aux voyageurs occidentaux principalement états-uniens et union-européens de découvrir les conséquences directes de la guerre. Ces excursions sont proposées entre 150 et 250 euros, casques de protection compris. Certains guides sont d’anciens soldats. La visite devient ainsi un récit incarné, à la première personne.

Ces entreprises privées affirment reverser une part des bénéfices à l’armée ukrainienne. Mais au-delà du geste solidaire, ces circuits semblent surtout répondre à une logique géopolitique : informer, convaincre, rallier l’opinion internationale. Le visiteur devient témoin volontaire, relais narratif sur les réseaux sociaux, multiplicateur de perception. L’Ukraine ne vend pas la guerre, elle vend le témoignage de la guerre, dans un contexte où l’image pèse autant que l’armement.

Mémoire ou instrumentalisation ? Un clivage éthique sous tension

Des figures locales, comme Mykhaïlyna Skoryk-Chkarivska, élue d’Irpin, reconnaissent que cette pratique suscite des réactions partagées. Certains habitants voient une opportunité de faire connaître leur histoire. D’autres dénoncent une exposition prématurée de leur douleur.

La démarche interroge d’autant plus que les combats ne sont pas terminés. Contrairement aux sites historiques du « dark tourism » classique (Auschwitz, Hiroshima, Rwanda…), l’Ukraine n’attend pas la fin des hostilités pour structurer cette mémoire. Ce tourisme s’inscrit dans un présent instable, ce qui en modifie profondément la nature.

Une logique de marché mondialisée

Le tourisme de guerre s’inscrit dans une tendance mondiale : le marché du « dark tourism » est évalué à 30 milliards de dollars, avec une croissance attendue de 20 % d’ici 2036. Des plateformes comme Airbnb ou Expedia collaborent déjà avec les autorités ukrainiennes pour préparer l’après-guerre : circuits de mémoire, infrastructures d’accueil, labels de sécurité.

Il ne s’agit pas simplement de survie économique, mais d’une stratégie de communication intégrée. L’Ukraine cherche à inscrire son récit national dans le champ émotionnel mondial. Cette manœuvre s’inscrit dans une double contrainte : résister militairement à la Fédération de Russie, mais aussi imposer son récit à une opinion internationale parfois lassée, parfois divisée.

Un révélateur des fractures du monde contemporain

Le développement de ce tourisme soulève une autre question : pourquoi ce besoin croissant, dans les sociétés occidentales, de « voir » la guerre ? Qu’est-ce que cela dit de notre rapport contemporain à la violence ?
On ne voyage plus seulement pour se détendre, mais parfois pour se heurter au réel, au plus près du danger à condition, bien sûr, de pouvoir ensuite revenir chez soi.

En cela, le tourisme de guerre ukrainien agit comme un révélateur. Il met à nu les fractures d’un monde où la guerre devient un spectacle à portée de main, dans une époque où l’information circule plus vite que la réflexion.

Entre résilience et dérive

En structurant un tourisme de guerre en pleine période de conflit, l’Ukraine engage une réflexion cruciale : à quelles conditions peut-on faire mémoire d’un événement qui n’est pas terminé ? Ce choix stratégique pourrait, à terme, lui permettre de financer sa reconstruction, tout en imposant une lecture univoque du conflit.

Mais il fait aussi émerger un débat universel : comment préserver la dignité des victimes quand l’économie mondiale s’approprie leur histoire ?

La Boussole – infos continuera à observer, dans les mois à venir, comment ce phénomène évolue, tant du point de vue ukrainien qu’en fonction de ses répercussions géopolitiques.