Alors que les tensions commerciales entre les États-Unis et l’Union européenne atteignent un nouveau sommet, Bruxelles a proposé un geste fort pour désamorcer la crise : une suppression totale et réciproque des droits de douane sur les produits industriels, y compris les voitures. Une initiative saluée en Europe mais sèchement rejetée par le président états-unien Donald Trump, qui juge l’offre « insuffisante ».
Une proposition ambitieuse de l’UE pour éviter l’escalade
Lors d’une conférence de presse ce lundi à Bruxelles, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, a dévoilé cette proposition dans le but d’ouvrir un nouveau chapitre dans les relations économiques transatlantiques.
« Nous avons proposé des droits de douane nuls pour les produits industriels. L’Europe est toujours prête à conclure un bon accord avec les États-Unis », a-t-elle déclaré.
Le commissaire européen Maros Sefcovic, de son côté, a précisé que cette proposition avait été présentée aux autorités états-uniennes dès le 19 février, bien avant l’annonce de hausses tarifaires par Washington. Elle aurait concerné notamment les secteurs de l’automobile, de la chimie, de la pharmacie, ainsi que l’ensemble des produits industriels.
Mais Ursula von der Leyen a aussi averti :
« Nous sommes également prêts à répondre par des contre-mesures et à défendre nos intérêts » si l’escalade se poursuit.
Trump hausse le ton : une taxe de 20 % dès mercredi
Malgré ce geste fort de l’UE, Donald Trump a rejeté la proposition, estimant qu’elle ne répondait pas aux intérêts des États-Unis d’Amérique.
« Non, ce n’est pas suffisant », a-t-il répondu à un journaliste à la Maison-Blanche, dénonçant à nouveau l’attitude de l’Europe :
« L’Union européenne s’est très, très mal conduite avec nous. »
Le dirigeant a confirmé qu’une taxe de 20 % sur les produits industriels européens entrerait en vigueur ce mercredi, s’inscrivant dans une offensive protectionniste inédite depuis les années 1930. Ces mesures visent, selon lui, à rééquilibrer la balance commerciale entre les deux blocs.
Trump a évoqué un plan pour supprimer le déficit commercial avec l’UE par des achats massifs d’énergie américaine. Il a avancé le chiffre de 350 milliards de dollars, correspondant, selon lui, à l’ampleur du déficit commercial bien que les données officielles situent ce déficit à 235,6 milliards de dollars en 2024 selon les États-Unis, et à 216,8 milliards de dollars selon Eurostat.
« Il faut qu’ils achètent et qu’ils s’engagent à acheter un montant équivalent à ce déficit », a-t-il exigé, sans toutefois préciser si une telle mesure permettrait de lever les taxes douanières prévues.
Vers une “zone de libre-échange” transatlantique ?
Dans ce contexte tendu, une idée a émergé pour rapprocher les deux puissances économiques : la création d’une zone de libre-échange entre l’Europe et l’Amérique du Nord. C’est Elon Musk, PDG de Tesla et proche de l’administration Trump, qui en a lancé l’idée ce week-end. Confronté à une chute des ventes mondiales de ses voitures électriques, il espère ainsi ouvrir de nouveaux marchés sans barrières douanières.
Cette proposition a reçu un accueil favorable en Europe.
« C’est une excellente idée », a réagi Laurent Saint-Martin, ministre français du Commerce extérieur, lors d’une réunion à Luxembourg avec ses homologues européens.
Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, a cependant souligné les divergences internes au sein de l’équipe Trump sur la conduite à adopter face à l’UE.
Des négociations longues et incertaines à venir
Alors que les tensions se cristallisent, les négociations s’annoncent longues, complexes, et politiquement sensibles. L’Union européenne, par l’intermédiaire de la Commission, reste seule compétente pour négocier au nom des États membres et tente de préserver l’unité des Vingt-Sept face à Washington.
L’enjeu est de taille : éviter une guerre commerciale transatlantique qui aurait des répercussions économiques majeures pour les deux rives de l’Atlantique. Si la Commission affiche une volonté de dialogue, elle n’exclut pas une riposte ferme. L’heure est donc à la diplomatie, mais le compte à rebours est lancé avant l’entrée en vigueur des nouvelles taxes états-uniennes.