Le Comité Nobel norvégien a décerné, ce 10 octobre 2025, le prix Nobel de la paix à María Corina Machado, figure de proue de l’opposition vénézuélienne. Ce choix récompense, selon l’institution d’Oslo, « son combat infatigable pour les droits démocratiques du peuple vénézuélien » et « sa détermination à promouvoir une transition pacifique et juste vers la démocratie ».
Lire la suite: PRIX NOBEL DE LA PAIX 2025 – María Corina Machado, symbole de la résistance démocratique au Venezuela Lire la suite: PRIX NOBEL DE LA PAIX 2025 – María Corina Machado, symbole de la résistance démocratique au VenezuelaCette distinction, éminemment politique, éclaire d’un jour nouveau la longue lutte d’une femme devenue le visage d’un pays en quête de liberté.
Née en 1967 à Caracas, María Corina Machado est ingénieure de formation, mais c’est sur le terrain politique qu’elle s’est imposée comme l’une des voix les plus déterminées du Venezuela moderne.
Dès les années 1990, elle fonde la Fondation Atenea, dédiée aux enfants des rues. Mais c’est surtout son engagement à travers Súmate, une organisation citoyenne créée en 2002 pour surveiller les processus électoraux, qui la propulse au premier plan de la vie publique. L’organisation milite pour la transparence des scrutins et l’alternance démocratique dans un pays progressivement verrouillé par le pouvoir chaviste.
Élue députée en 2010, elle est exclue quatre ans plus tard de l’Assemblée nationale après avoir dénoncé la dérive autoritaire du régime. Cette éviction n’a fait que renforcer sa stature de résistante. Cible de poursuites judiciaires, menacée, parfois assignée à résidence, María Corina Machado n’a jamais quitté le Venezuela choix symbolique pour une opposante qui se veut la voix du peuple resté au pays.
En 2023, alors que le Venezuela s’enfonce dans la crise politique et économique, elle se déclare candidate à la présidentielle de 2024. Mais le régime de Nicolás Maduro l’écarte du scrutin par une série d’interdictions administratives. Refusant de céder, elle soutient Edmundo González Urrutia, candidat de substitution, pour ne pas rompre l’élan de la mobilisation populaire.
Son combat dépasse aujourd’hui la simple rivalité politique : il s’agit, pour beaucoup de Vénézuéliens, d’un combat moral et civique pour la dignité, la vérité et le droit du peuple à choisir librement ses dirigeants. Le Comité Nobel a salué « son courage exceptionnel et sa foi en la non-violence », alors même que son pays traverse l’une des plus graves crises humanitaires du continent américain.
L’attribution du Nobel à María Corina Machado a une portée géopolitique évidente. Elle rappelle que les luttes pour la démocratie, dans les pays autoritaires, restent au cœur des préoccupations internationales, malgré la lassitude de certaines puissances.
Elle résonne aussi comme un avertissement à ceux qui, dans le monde, confondent stabilité et oppression. Dans un contexte global marqué par le recul des libertés, ce prix semble redonner souffle à la notion de responsabilité civique : défendre la démocratie n’est pas un luxe occidental, mais une exigence universelle.
Le parcours de María Corina Machado trouve un écho particulier dans de nombreux pays où la démocratie reste fragile. Pour l’Afrique, où plusieurs nations affrontent des transitions politiques incertaines, son exemple illustre la force d’une résistance pacifique enracinée dans la société civile.
Le message d’Oslo est clair : la paix durable ne peut exister sans justice, ni sans institutions légitimes. En ce sens, le Nobel 2025 s’inscrit dans une tradition où le courage individuel devient levier de changement collectif.
Au-delà des débats politiques, cette distinction consacre une vision de la paix fondée sur la vérité et la persévérance. María Corina Machado, souvent présentée comme « la dame de fer du Venezuela », incarne une conviction rare : celle que la liberté n’a de valeur que lorsqu’elle est partagée.
Le 10 décembre prochain, lorsqu’elle recevra son prix à Oslo, ce sera moins une victoire personnelle qu’un hommage rendu à tout un peuple en quête de lumière.
Celine Dou