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Ukraine : le tourisme de guerre se structure à l’ombre des combats

Dans un pays en guerre, une autre bataille se joue : celle du récit. Et l’Ukraine semble décidée à y impliquer les visiteurs étrangers. Deux ans après le déclenchement de l’invasion russe, des agences touristiques locales organisent des circuits dans les zones touchées par les combats. Irpin, Boutcha, Hostomel, Kharkiv : noms associés aux destructions de la guerre, devenus étapes d’un parcours guidé. À première vue, l’initiative peut sembler macabre. Mais en Ukraine, elle s’inscrit dans une stratégie politique et économique de plus long terme.

Un tourisme en temps de guerre : initiative isolée ou politique assumée ?

Les agences War Tours ou Capital Tours Kiev proposent aux voyageurs occidentaux principalement états-uniens et union-européens de découvrir les conséquences directes de la guerre. Ces excursions sont proposées entre 150 et 250 euros, casques de protection compris. Certains guides sont d’anciens soldats. La visite devient ainsi un récit incarné, à la première personne.

Ces entreprises privées affirment reverser une part des bénéfices à l’armée ukrainienne. Mais au-delà du geste solidaire, ces circuits semblent surtout répondre à une logique géopolitique : informer, convaincre, rallier l’opinion internationale. Le visiteur devient témoin volontaire, relais narratif sur les réseaux sociaux, multiplicateur de perception. L’Ukraine ne vend pas la guerre, elle vend le témoignage de la guerre, dans un contexte où l’image pèse autant que l’armement.

Mémoire ou instrumentalisation ? Un clivage éthique sous tension

Des figures locales, comme Mykhaïlyna Skoryk-Chkarivska, élue d’Irpin, reconnaissent que cette pratique suscite des réactions partagées. Certains habitants voient une opportunité de faire connaître leur histoire. D’autres dénoncent une exposition prématurée de leur douleur.

La démarche interroge d’autant plus que les combats ne sont pas terminés. Contrairement aux sites historiques du « dark tourism » classique (Auschwitz, Hiroshima, Rwanda…), l’Ukraine n’attend pas la fin des hostilités pour structurer cette mémoire. Ce tourisme s’inscrit dans un présent instable, ce qui en modifie profondément la nature.

Une logique de marché mondialisée

Le tourisme de guerre s’inscrit dans une tendance mondiale : le marché du « dark tourism » est évalué à 30 milliards de dollars, avec une croissance attendue de 20 % d’ici 2036. Des plateformes comme Airbnb ou Expedia collaborent déjà avec les autorités ukrainiennes pour préparer l’après-guerre : circuits de mémoire, infrastructures d’accueil, labels de sécurité.

Il ne s’agit pas simplement de survie économique, mais d’une stratégie de communication intégrée. L’Ukraine cherche à inscrire son récit national dans le champ émotionnel mondial. Cette manœuvre s’inscrit dans une double contrainte : résister militairement à la Fédération de Russie, mais aussi imposer son récit à une opinion internationale parfois lassée, parfois divisée.

Un révélateur des fractures du monde contemporain

Le développement de ce tourisme soulève une autre question : pourquoi ce besoin croissant, dans les sociétés occidentales, de « voir » la guerre ? Qu’est-ce que cela dit de notre rapport contemporain à la violence ?
On ne voyage plus seulement pour se détendre, mais parfois pour se heurter au réel, au plus près du danger à condition, bien sûr, de pouvoir ensuite revenir chez soi.

En cela, le tourisme de guerre ukrainien agit comme un révélateur. Il met à nu les fractures d’un monde où la guerre devient un spectacle à portée de main, dans une époque où l’information circule plus vite que la réflexion.

Entre résilience et dérive

En structurant un tourisme de guerre en pleine période de conflit, l’Ukraine engage une réflexion cruciale : à quelles conditions peut-on faire mémoire d’un événement qui n’est pas terminé ? Ce choix stratégique pourrait, à terme, lui permettre de financer sa reconstruction, tout en imposant une lecture univoque du conflit.

Mais il fait aussi émerger un débat universel : comment préserver la dignité des victimes quand l’économie mondiale s’approprie leur histoire ?

La Boussole – infos continuera à observer, dans les mois à venir, comment ce phénomène évolue, tant du point de vue ukrainien qu’en fonction de ses répercussions géopolitiques.

Quand l’inceste se pare de rhétorique panafricaniste : une dangereuse dérive idéologique

Le 27 mai 2025, l’artiste camerounais Saint Désir Atango a publié sur les réseaux sociaux un message dans lequel il reconnaît avoir entretenu des relations sexuelles avec ses deux filles biologiques, qualifiant ces actes d’« unions consenties », et les justifiant par une démarche qu’il présente comme spirituelle et politique. L’homme affirme agir au nom de la « libération de l’Afrique » contre les « dogmes religieux impérialistes » et en appelle à une réforme des lois relatives à l’inceste.

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Cinéma : Disney ressuscite « Avatar : La Voie de l’eau » en salles, avant la déferlante d’ Avatar 3 : « Fire and Ash »

À quelques mois de la sortie très attendue d’Avatar 3 : Fire and Ash, les studios Disney ont annoncé la ressortie en salles, le 1er octobre 2025, du deuxième opus de la franchise, Avatar : La Voie de l’eau. Une manœuvre stratégique à la croisée du marketing et de la diplomatie culturelle, destinée à raviver l’élan d’un univers devenu emblématique de l’industrie cinématographique états-unienne.

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Soins infirmiers : une professionnelle ghanéenne récompensée à l’échelle mondiale

L’infirmière ghanéenne Naomi Oyoe Ohene Oti a remporté le prix Aster Guardians Global Nursing 2025, qui désigne chaque année le meilleur infirmier ou la meilleure infirmière au monde. Cette distinction, décernée le 27 mai à Dubaï, vient saluer son engagement dans le traitement des patients atteints de cancer, ainsi que ses contributions concrètes à l’amélioration des pratiques cliniques dans son pays.

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Cannes, entre paillettes et hypocrisie climatique : les jets privés des vedettes suscitent l’indignation

Le Festival de Cannes s’est refermé sur son tapis rouge, ses récompenses et ses controverses. Parmi celles-ci, une indignation persistante : le recours massif aux jets privés et yachts de luxe par certaines figures médiatiques, en contradiction flagrante avec leurs discours publics sur la justice climatique.

La 78e édition du Festival de Cannes a, comme chaque année, attiré son lot de célébrités, de créateurs, de financiers et de figures du monde du divertissement. Mais cette fois, le faste habituel a laissé place à une colère froide dans certains cercles de la société civile et chez de nombreux citoyens : la manière dont les invités les plus médiatisés sont arrivés à Cannes en jet privé pour les uns, en yacht de 127 mètres pour d’autres suscite une vague d’indignation.

Parmi les cas les plus commentés : Lauren Sánchez, fiancée du milliardaire états-unien Jeff Bezos, a accosté en Méditerranée à bord du Koru, le yacht personnel du fondateur d’Amazon, pour recevoir un prix célébrant son « engagement pour la justice climatique ». Ce geste, à lui seul, a cristallisé une contradiction de plus en plus insupportable aux yeux de l’opinion : comment dénoncer l’inaction écologique tout en incarnant, dans les faits, un modèle de consommation ultracarbonée ?

Le phénomène n’est pas nouveau. Depuis plusieurs années, de nombreuses personnalités engagées dans la cause environnementale continuent d’user de moyens de transport extrêmement polluants pour se rendre à des événements où elles appellent à la sobriété. Mais cette édition du festival semble avoir marqué un tournant dans la perception publique.

Selon des données compilées par plusieurs ONG environnementales, plusieurs dizaines de jets privés ont atterri à l’aéroport de Nice pendant la durée du festival. À cela s’ajoutent les nombreuses traversées en hélicoptère et en yacht autant de symboles d’une déconnexion croissante entre certaines élites culturelles et les contraintes climatiques vécues par la majorité des populations.

Au-delà de la seule question environnementale, cette polémique renvoie à un débat plus vaste : celui de la cohérence entre les discours moraux et les pratiques sociales des classes dirigeantes ou influentes. Ce décalage n’est pas propre à Cannes, ni au monde du cinéma, mais s’inscrit dans une dynamique plus globale, où les appels à « changer le monde » cohabitent avec des modes de vie ostentatoires et énergivores.

Pour certains observateurs, ce double langage alimente un clivage de crédibilité, minant la portée des plaidoyers pour la transition écologique. À mesure que les populations du Sud global y compris en Afrique subissent de plein fouet les conséquences du dérèglement climatique, le spectacle des privilèges occidentaux en haute définition devient de plus en plus difficile à tolérer.

Cette controverse révèle aussi l’échec partiel de ce que l’on pourrait appeler la « diplomatie culturelle verte » : l’idée que l’art, le cinéma ou la musique pourraient être des vecteurs de transformation sociale tout en s’extirpant des logiques d’opulence. Or, sans exemplarité dans les pratiques, les messages portés par ces sphères sont fragilisés, voire disqualifiés.

La question dépasse donc le simple cadre du Festival de Cannes. Elle interpelle sur la capacité des élites médiatiques, économiques et culturelles qu’elles soient états-uniennes, union-européennes ou africaines à s’aligner, concrètement, avec les engagements qu’elles revendiquent. Autrement dit : peut-on défendre la planète sans remettre en cause ses propres privilèges ?

TURQUIE — Naissances sous décret : Erdogan encadre la césarienne pour répondre au défi démographique

En Turquie, la question démographique est devenue une priorité nationale. Face à la baisse continue de la natalité, le président Recep Tayyip Erdogan a promulgué un décret visant à encadrer plus strictement le recours à l’accouchement par césarienne. Cette mesure s’inscrit dans une stratégie globale de soutien à la natalité, dans un pays confronté à des dynamiques de population similaires à celles observées dans plusieurs États de l’Union européenne ou en République populaire de Chine.

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Afghanistan : l’interdiction du jeu d’échecs, nouvelle illustration des priorités sociétales du régime taliban

Le ministère de la Prévention du vice et de la Promotion de la vertu a annoncé l’interdiction du jeu d’échecs sur l’ensemble du territoire afghan. Cette décision, relayée par plusieurs médias nationaux et confirmée par des publications officielles, repose sur une interprétation religieuse selon laquelle ce jeu serait assimilé à une forme de pari, proscrit dans l’islam tel que compris par les autorités en place.

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Japon : menace de mort contre une élue pour avoir proposé des protections menstruelles gratuites, un révélateur de tensions culturelles persistantes

Ce 5 avril 2025, un article de la presse nipponne relayé internationalement a mis en lumière une affaire préoccupante au Japon : Ayaka Yoshida, élue de 27 ans à l’Assemblée préfectorale de Mie, a été la cible de plus de 8 000 messages de haine, dont des menaces de mort, après avoir proposé l’installation de protections périodiques gratuites dans les toilettes publiques. L’affaire, qui aurait pu rester locale, révèle des crispations sociales profondes et soulève des questions universelles liées à la santé publique, à la condition des femmes, et à la liberté d’expression en démocratie.

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