Archives du mot-clé #Féminisme

Société et solitude masculine : quand la frustration relationnelle pousse vers les compagnes virtuelles

Dans les sociétés contemporaines, de plus en plus d’hommes hétérosexuels rencontrent des difficultés à envisager des relations amoureuses avec des femmes. Influencés par les pressions sociales, les normes de genre, la peur des accusations de harcèlement et les transformations induites par les applications de rencontre, certains se tournent vers des alternatives virtuelles. Ce phénomène, qui inclut les sites proposant la création d’une compagne sur mesure, soulève des questions sur les interactions humaines, le numérique et les dynamiques de pouvoir dans les relations amoureuses.

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Aïshat Baymuradova retrouvée morte à Erevan : un drame qui révèle les risques transnationaux pour les femmes fuyant la Tchétchénie

Le 19 octobre 2025, le corps d’Aïshat Baymuradova, 23 ans, originaire de Tchétchénie, a été retrouvé dans un appartement de la capitale arménienne. Si ce drame attire l’attention par sa violence, il révèle surtout des dynamiques structurelles complexes : les femmes fuyant la Tchétchénie restent exposées à des pressions, des menaces et des violences transnationales, même hors de leur région d’origine.

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La Tchétchénie : entre autonomie politique et contrôle patriarcal

La Tchétchénie est un État constitutif de la Fédération de Russie, avec une autonomie politique significative. Elle est majoritairement musulmane et applique strictement la charia sous l’autorité de Ramzan Kadyrov. Dans ce cadre, la vie des femmes est fortement encadrée : mariage, comportement personnel, choix de vie sont soumis à des normes religieuses et familiales strictes.

Ce système crée un environnement où toute émancipation féminine peut être perçue comme une transgression grave. Fuir n’est donc pas seulement un choix personnel : c’est un acte qui peut avoir des répercussions transnationales, par le biais de réseaux de contrôle, de surveillance et parfois de représailles, même à l’étranger.

La fuite et ses limites

Aïshat Baymuradova avait quitté sa région pour échapper à ces contraintes et à des violences familiales présumées. Elle s’installe à Erevan, espérant trouver un espace de liberté et de sécurité. Mais son décès met en évidence la fragilité des mécanismes de protection pour les femmes en exil.

Des ONG et associations de défense des droits humains rapportent que certaines femmes tchétchènes en exil restent exposées à des menaces : surveillées par des réseaux liés aux autorités tchétchènes, elles peuvent être victimes de pressions ou même de violences physiques, parfois orchestrées à distance. Des images de vidéosurveillance à Erevan montrent deux individus quittant l’immeuble où Aïshat résidait le soir de sa disparition, apparemment en direction de la Russie, illustrant ce type de contrôle transnational.

Les enjeux de la protection internationale

Au-delà du drame individuel, le cas d’Aïshat pose une question centrale : comment assurer la protection réelle des femmes réfugiées ? Même lorsqu’elles quittent leur pays pour chercher refuge, les mécanismes de protection restent souvent insuffisants. L’Arménie, qui accueillait Aïshat, n’a pas pu garantir sa sécurité, mettant en lumière les lacunes des dispositifs de protection des réfugiés dans certains États.

Des appels ont été lancés pour une enquête transparente et indépendante, mais l’affaire illustre surtout que la sécurité des femmes en exil dépend autant de la vigilance des États d’accueil que de la coopération internationale.

Une tragédie révélatrice de dynamiques systémiques

Ce meurtre dépasse le simple fait divers : il révèle des dynamiques structurelles et transnationales. La combinaison de normes patriarcales strictes, d’une législation religieuse appliquée localement et de réseaux de contrôle transfrontaliers rend l’exil souvent incomplet pour les femmes tchétchènes.

Aïshat Baymuradova n’est pas seulement une victime : elle est le symbole des obstacles systémiques auxquels sont confrontées les femmes fuyant des régimes patriarcaux stricts. Son histoire rappelle la nécessité de renforcer les dispositifs internationaux de protection et d’anticiper les risques qui continuent de peser sur celles qui cherchent à vivre librement.

Celine Dou

Femmes dirigeantes et ONU : analyse d’une campagne controversée sur l’émancipation féminine et le niqab

La récente campagne d’UN Women, associant leadership féminin et niqab, a déclenché une polémique mondiale. Si elle vise à valoriser le rôle des femmes dans la consolidation de la paix, le choix des symboles et l’influence politique des États membres interrogent la cohérence du discours onusien sur les droits des femmes et sa crédibilité internationale.

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I. Une campagne qui interroge

Le 20 octobre 2025, UN Women a publié sur ses réseaux sociaux une photographie de femmes soudanaises portant des niqabs colorés, accompagnée du slogan : « Quand les femmes dirigent, la paix s’installe ». L’objectif affiché est de montrer que le leadership féminin contribue à la stabilité et à la paix, en particulier dans les zones de conflit. Parmi les figures mises en avant, Amna Idres Musa Mahamod, dirigeante de l’Association des femmes Al-Wifag au Soudan, est présentée comme une militante de l’égalité des sexes et des droits économiques des femmes dans les zones rurales.

Toutefois, le choix de la symbolique vestimentaire a suscité de nombreuses critiques. Sur X (anciennement Twitter), l’essayiste Ferghane Azihari a dénoncé ce qu’il considère comme « l’illustration de l’émancipation féminine par l’uniforme qu’imposent les régimes les plus misogynes ». Caroline Fourest, journaliste spécialisée dans les questions de laïcité et d’intégrisme religieux, a exprimé son étonnement : « Faire du niqab le signe du leadership au féminin, une fois de plus, rien ne va plus à l’ONU ».

II. Analyse symbolique et féministe

L’intervention de la franco-iranienne Abnousse Shalmani apporte un éclairage supplémentaire. Pour elle, l’émancipation féminine ne peut être représentée par des symboles qui assignent les femmes à l’invisibilité sociale et politique. Dans son discours, elle rappelle que la liberté et la visibilité des femmes sont des conditions sine qua non de l’égalité, et que la promotion de leadership féminin tout en valorisant des signes de soumission est paradoxale.

Ainsi, si l’ONU cherche à mettre en avant des femmes dirigeantes comme vectrices de paix, le recours au niqab comme symbole central brouille le message. Il en résulte une contradiction entre le discours universel sur les droits des femmes et les représentations choisies par l’organisation.

III. Contexte politique et institutionnel

Au-delà de la symbolique, la campagne s’inscrit dans un contexte plus large : depuis plusieurs années, l’ONU est influencée par des pays aux législations restrictives sur les droits des femmes, souvent qualifiés d’États islamistes. Cette influence se traduit dans la sélection des programmes et des messages de communication, mais également dans la partialité perçue de l’organisation face à certains conflits internationaux.

Les positions de l’ONU sur la guerre israélo-palestinienne, notamment à travers ses accusations répétées contre Israël de « crimes de guerre » et de « génocide », contrastent avec le traitement plus mesuré ou inexistant de violations des droits humains commises par d’autres acteurs. Pour les spécialistes du droit international, cette situation illustre la difficulté de concilier discours universel et réalités politiques, et questionne la crédibilité de l’organisation comme arbitre impartial des droits humains.

La polémique autour de la campagne de l’ONU dépasse le simple débat sur le niqab. Elle met en lumière une tension structurelle entre l’universalité proclamée des droits humains et l’influence politique des États membres. Entre symboles contestés et compromis institutionnels, la communication de l’ONU révèle ses limites, tant sur le plan de la cohérence que sur celui de la crédibilité internationale.

Cette campagne souligne la nécessité pour l’organisation de réfléchir à la manière dont symboles et messages institutionnels peuvent refléter, ou au contraire brouiller, ses objectifs en matière d’émancipation féminine et de droits humains.

Celine Dou, pour la boussole-infos

Décès de Monique Pelletier : une pionnière des droits des femmes s’éteint à 99 ans

Ancienne ministre à la Condition féminine sous la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, Monique Pelletier s’est éteinte le 19 octobre 2025 à l’âge de 99 ans. Figure marquante du combat pour les droits des femmes en France, elle laisse derrière elle un héritage juridique et politique qui continue d’influencer les débats contemporains sur l’égalité et la dignité humaine.

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Une femme de loi au service de la justice sociale

Née Monique Bédier à Trouville-sur-Mer en 1926, avocate de formation, elle s’impose dans les années 1970 comme une personnalité engagée, à la croisée du droit et de la politique. Sa carrière débute au barreau de Paris avant de la conduire dans les sphères du pouvoir. Nommée en 1978 ministre déléguée à la Condition féminine, elle devient l’une des rares femmes à occuper un poste ministériel sous la Ve République à cette époque.

Monique Pelletier s’emploie alors à transformer la condition féminine en cause d’État. Elle milite pour une meilleure reconnaissance du viol comme crime, défend la pérennisation de la loi sur l’interruption volontaire de grossesse et œuvre pour la visibilité des femmes dans la vie publique.

Une ministre de conviction, pas de posture

Dans un monde politique encore largement masculin, Monique Pelletier refuse les compromis de façade. Elle s’attache à inscrire ses combats dans la loi plutôt que dans le slogan. En 1980, elle participe à la réforme qui reconnaît le viol comme un crime relevant de la cour d’assises une avancée majeure pour la justice française. Elle s’oppose à la banalisation des discriminations et plaide, tout au long de sa carrière, pour une égalité de traitement fondée sur la dignité et non sur la revendication partisane.

Elle rappelait souvent que la conquête des droits n’était pas une victoire acquise, mais un effort à poursuivre : « Les lois sont des outils. Elles ne valent que si les consciences suivent. » Cette lucidité, héritée de son expérience d’avocate, marquera durablement les générations de militantes venues après elle.

Du gouvernement au Conseil constitutionnel

Après son passage au gouvernement, Monique Pelletier poursuit son engagement au sein du Conseil constitutionnel de 2000 à 2004, où elle défend une lecture équilibrée des droits fondamentaux. Fidèle à ses principes, elle s’élève contre toute dérive idéologique dans l’interprétation du droit, estimant que « la justice n’a pas de sexe, mais elle a une exigence ».

Elle s’investit également dans la défense des personnes âgées et des personnes handicapées, considérant que la société devait son humanité à la manière dont elle traitait ses plus fragiles membres.

Un héritage qui dépasse son époque

La disparition de Monique Pelletier réveille un souvenir collectif : celui des années où la question féminine devenait un enjeu républicain. En plaçant la dignité des femmes au cœur du droit, elle a contribué à redéfinir les rapports sociaux dans une France en mutation.

Son parcours incarne cette génération de femmes d’État qui ont fait de l’engagement une discipline de rigueur et non une posture médiatique. À l’heure où le débat sur les droits des femmes continue de se heurter à des résistances culturelles ou idéologiques, son œuvre rappelle que la conquête de la liberté passe par la loi, mais aussi par la conscience morale d’une nation.

Celine Dou

CROYANCES DÉVOYÉES, JUSTICE RÉAFFIRMÉE : QUAND LE SACRÉ DEVIENT PRÉTEXTE À MANIPULATION OU À PERSÉCUTION

Deux affaires récentes, survenues en Italie et en Algérie, illustrent de manière saisissante la manière dont certaines formes de religiosité populaire peuvent dériver vers la fraude ou la violence. L’une met en scène une pseudo-voyante italienne organisant de faux miracles ; l’autre, une femme franco-algérienne agressée pour avoir simplement lu le Coran en public. Dans les deux cas, c’est la justice civile ou ecclésiastique qui a dû rétablir les faits. Analyse d’un double symptôme de notre époque.

EN ITALIE, LA FABRICATION CYNIQUE DU MIRACLE

L’affaire a suscité autant de ferveur que de trouble. Pendant plusieurs mois, à Trevignano Romano, au nord de Rome, une femme connue sous le nom de Gisella Cardia (de son vrai nom Maria Giuseppa Scarpulla) affirmait recevoir des apparitions mariales. Elle organisait des rassemblements devant une statue de la Vierge censée pleurer du sang, affirmait porter des stigmates, et prétendait même avoir assisté à des « multiplications » de pizzas et de gnocchi.

Les analyses scientifiques ont depuis balayé la mystification : les prétendues larmes de sang provenaient de Gisella Cardia elle-même, comme l’ont confirmé les tests ADN. Le Vatican, par le biais du diocèse de Civita Castellana, a conclu à l’absence totale de caractère surnaturel. Une enquête judiciaire est en cours pour escroquerie, la « voyante » ayant fondé une association qui récoltait des dons auprès de fidèles crédules.

Loin d’un simple folklore religieux, cette affaire révèle une instrumentalisation consciente de la foi, avec des techniques de manipulation émotionnelle proches de celles observées dans certaines sectes. Elle témoigne aussi d’une vulnérabilité persistante à la mise en scène religieuse dès lors qu’elle répond à un besoin collectif de réconfort ou de merveilleux.

EN ALGÉRIE, LA VIOLENCE NÉE DE LA SUSPICION

À plusieurs centaines de kilomètres de là, dans la ville algérienne d’El Eulma, une femme franco-algérienne a été victime d’un déchaînement d’hostilité fondé sur une lecture erronée du religieux. Assise près d’une piscine, vêtue d’un niqab, elle lisait des versets du Coran, accompagnés de traductions personnelles en français. Des passants, croyant à des pratiques occultes ou de sorcellerie, l’ont entourée, insultée, filmée, et lui ont arraché son voile. Elle n’a dû son salut qu’à l’intervention tardive des autorités.

Loin d’être isolée, cette agression révèle un climat social où les amalgames entre pratique religieuse, méconnaissance linguistique et superstition peuvent générer des actes de violence injustifiés. La justice algérienne a toutefois agi avec fermeté : huit individus ont été condamnés à des peines allant jusqu’à deux ans de prison ferme, assorties d’amendes.

La victime, profondément marquée, a renoncé à des dommages financiers, ne demandant qu’un dinar symbolique. Un choix qui souligne à la fois sa dignité et sa volonté de ne pas attiser davantage les tensions.

ENTRE FOI POPULAIRE ET DÉRIVES CONTEMPORAINES

Ces deux cas, bien que distincts dans leur nature, révèlent un même trouble : la place de la croyance dans des sociétés en perte de repères rationnels. En Italie comme en Algérie, le sacré devient l’écran de projections sociales multiples : attente de miracle dans un monde désenchanté, peur de l’irrationnel, suspicion de l’Autre, confusion entre foi et magie.

Ils montrent aussi la manière dont certaines figures féminines voyante charismatique ou femme pieuse peuvent cristalliser, à tort ou à raison, les tensions religieuses et symboliques. Dans les deux cas, ce sont des femmes qui se trouvent au cœur de l’événement, l’une manipulatrice, l’autre victime.

LA JUSTICE COMME DIGUE CONTRE L’OBSCURANTISME

Heureusement, les deux systèmes judiciaires italien et algérien ont joué leur rôle. L’Église catholique a su, malgré la pression médiatique, rejeter le caractère surnaturel des faits de Trevignano. La justice algérienne, quant à elle, a sanctionné une chasse aux sorcières moderne, confirmant que nul ne peut se faire justicier au nom d’une interprétation personnelle du sacré.

Ces affaires rappellent l’importance, pour toute société, de séparer clairement ce qui relève du religieux, du juridique et du fantasme. Elles montrent aussi la nécessité d’une éducation religieuse rigoureuse, et d’un enseignement critique, pour prévenir tant la manipulation que la persécution.

UNE ÉPOQUE AVIDE DE SENS, MAIS VULNÉRABLE

Il serait tentant de lire ces histoires comme des anomalies. Elles sont, au contraire, des symptômes. Symptomatiques d’un besoin collectif de sens, dans un monde traversé par l’incertitude, la précarité et le désenchantement. Mais ce besoin, mal canalisé, devient le terreau de toutes les dérives.

En cela, le travail des institutions religieuses, éducatives, judiciaires et médiatiques reste crucial : pour protéger, instruire, démystifier. Car si la foi peut inspirer, elle ne doit jamais justifier la fraude ni la violence

France : vers une redéfinition du viol centrée sur le non-consentement

La France s’apprête à faire évoluer l’une des notions juridiques les plus sensibles de son Code pénal : celle de viol. Mardi 18 juin, le Sénat a adopté à l’unanimité une proposition de loi redéfinissant cette infraction pénale à partir du seul critère du non-consentement. Une avancée juridique saluée par une large partie de la société civile, qui place désormais l’Hexagone dans le sillage de plusieurs pays ayant déjà réformé leur droit en ce sens. Mais ce tournant symbolique soulève aussi des interrogations sur les modalités d’application concrète.

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Sport féminin : Martina Navratilova dénonce l’inclusion des athlètes transgenres au nom de l’équité

Figure historique du tennis mondial et militante de longue date des droits des femmes et des minorités sexuelles, Martina Navratilova fait aujourd’hui entendre une voix discordante dans le débat brûlant sur la place des personnes transgenres dans le sport féminin. Au nom de l’équité biologique, elle appelle à une séparation stricte entre sport féminin et participation des athlètes ayant vécu une puberté masculine.

Interrogée par la journaliste états-unienne Kara Swisher, Navratilova a défendu une ligne claire :

« Une compétition féminine équitable doit reposer sur le sexe biologique, sinon elle cesse d’être juste. »

Pour la championne aux 18 titres du Grand Chelem, les femmes trans ayant traversé une puberté masculine bénéficient d’un avantage physique irréductible, qu’aucun traitement hormonal ne peut totalement annuler. Gabarit osseux, densité musculaire, capacité respiratoire : autant d’éléments qui, selon elle, faussent la donne dans les disciplines de force, d’endurance ou de vitesse.

Navratilova ne remet pas en cause les droits civils des personnes transgenres dans la société civile. Elle plaide même pour leur reconnaissance dans la vie quotidienne. Mais selon elle, le sport de haut niveau constitue une exception, car il repose sur des critères objectifs de performance.

« Ce n’est pas une question de haine ou d’exclusion. C’est une question d’équité. »

Sa position lui a valu l’exclusion du conseil consultatif d’Athlete Ally, organisation de défense des minorités LGBTQ dans le sport. Elle est désormais régulièrement taxée de « transphobie » par les cercles militants. Pourtant, plusieurs études scientifiques confortent ses arguments : elles établissent que la puberté masculine confère des avantages significatifs dans certaines disciplines, même après des années de transition.

La controverse s’inscrit dans un contexte plus large. Depuis 2022, de nombreuses fédérations internationales (World Athletics, FINA, UCI, etc.) ont décidé d’exclure les femmes transgenres ayant connu une puberté masculine des compétitions féminines élite. Certaines explorent la création d’une catégorie « open » ou « mixte », dans une tentative d’inclusion sans atteinte à l’intégrité des compétitions féminines.

Cette évolution traduit un virage prudent : le sport mondial cherche à préserver l’équité sans sombrer dans l’idéologie, alors que certains activismes exigent l’effacement de toute distinction fondée sur le sexe biologique.

Dans les milieux féministes, les positions se fracturent. Certaines militantes, comme Navratilova, affirment qu’un féminisme cohérent ne peut éluder les réalités biologiques. D’autres, au contraire, estiment que cette ligne de défense dissimule des logiques d’exclusion.

Mais pour de nombreuses sportives de haut niveau, la question est moins théorique que concrète : peuvent-elles concourir dans des conditions équitables si des concurrentes biologiquement masculines leur sont opposées ? La réponse, de plus en plus souvent, est non

Au fond, cette affaire révèle le divorce croissant entre données scientifiques, revendications identitaires et cadre légal. Alors que certaines législations encouragent une autodétermination libre du genre, d’autres domaines, comme le sport, continuent d’imposer des bornes biologiques strictes.

Martina Navratilova incarne ce dilemme : ancienne icône du progressisme, elle est aujourd’hui perçue comme une dissidente voire une hérétique par les courants qu’elle a jadis soutenus.

En résumé

Martina Navratilova exige que le sport féminin reste fondé sur le sexe biologique.
Elle est soutenue par certaines fédérations et figures scientifiques, mais critiquée par les militants LGBTQ.
Le débat cristallise les tensions entre science, inclusion et équité, dans un monde occidental de plus en plus polarisé.
Le sport, en tant qu’espace d’objectivation corporelle, devient un champ de bataille idéologique.

Malte face au défi de la protection des victimes de violences domestiques : entre intentions politiques et lacunes structurelles

À Malte, un pays membre de l’Union européenne comptant un peu plus de 500 000 habitants, les défaillances institutionnelles dans la gestion des cas de violences domestiques suscitent une vive préoccupation. Dans un communiqué publié le 2 juin 2025, le Malta Women’s Lobby (MWL), une organisation de la société civile engagée dans la défense des droits des femmes, a dénoncé ce qu’elle considère comme un déséquilibre persistant dans le traitement réservé aux victimes par les autorités judiciaires et policières.

Au cœur des critiques formulées par le MWL figure l’engorgement des tribunaux. Selon l’organisation, les affaires de violence domestique s’accumulent, avec plus de 2 000 dossiers en attente. Un second magistrat avait bien été nommé en 2023 pour accélérer les procédures, mais ce renfort n’était plus opérationnel dès septembre de la même année. Depuis lors, les délais se sont à nouveau allongés, exposant les victimes à une attente qui dépasse parfois douze mois avant une première comparution de leur agresseur présumé devant la justice.

Cette lenteur procédurale va à l’encontre des engagements pris par Malte dans le cadre de la Convention d’Istanbul, que l’État a ratifiée en 2014. Cette convention du Conseil de l’Europe impose aux parties de garantir une réponse diligente et efficace des autorités face aux violences à l’égard des femmes.

Outre les délais judiciaires, le Malta Women’s Lobby dénonce l’inefficacité des mesures de protection existantes. Des cas tragiques, comme celui de Bernice Cassar tuée en novembre 2022 après avoir signalé plusieurs agressions de la part de son ancien conjoint illustrent les défaillances d’un système censé prévenir de tels drames.

Des dispositifs de protection, tels que les ordonnances d’éloignement, existent en droit maltais. Cependant, leur mise en œuvre demeure inégale, parfois lente ou ignorée. Le gouvernement avait promis, dès 2014, l’introduction de bracelets électroniques pour surveiller les auteurs de violences. Dix ans plus tard, cette mesure n’a toujours pas été appliquée.

L’efficacité des politiques publiques est aussi conditionnée par les perceptions collectives. À ce titre, un sondage Eurobaromètre réalisé en 2023 a mis en lumière des chiffres préoccupants : 32 % des personnes interrogées à Malte estiment que les femmes exagèrent fréquemment lorsqu’elles déclarent être victimes de viol ou de violence. Il s’agit de l’un des taux les plus élevés de l’Union européenne. Le Malta Women’s Lobby considère que cette perception participe à la banalisation de la violence, au doute systématique jeté sur la parole des victimes, et à une réticence accrue à signaler les faits.

L’organisation féministe appelle à une série de mesures urgentes : allocation de ressources supplémentaires à la justice, formation spécialisée des magistrats et policiers, généralisation des mécanismes de protection (y compris électroniques), mais aussi engagement politique clair et suivi des promesses faites.

En parallèle, elle plaide pour une transformation culturelle profonde, seule à même de créer un environnement dans lequel les femmes victimes de violences seraient pleinement écoutées, crues, protégées et leurs agresseurs véritablement sanctionnés.

Si la situation maltaise interpelle, elle s’inscrit dans un contexte plus large. Dans plusieurs États membres de l’Union européenne, la protection des victimes reste imparfaite, en dépit des cadres juridiques communs. Le cas maltais met en lumière l’écart qui peut exister entre les textes ratifiés et les dispositifs réellement appliqués.

À cet égard, la Commission européenne, tout comme le Conseil de l’Europe, sont appelés à exercer un suivi plus rigoureux des engagements pris par les États, notamment en matière de délais de justice et de dispositifs d’accompagnement.

La dénonciation du Malta Women’s Lobby ne vise pas seulement à pointer des manquements institutionnels : elle interpelle plus largement sur la nécessité d’une justice accessible, rapide et crédible, condition essentielle à la protection des droits fondamentaux. Si Malte, comme d’autres pays de l’Union européenne, a inscrit des principes louables dans ses textes, l’urgence reste d’en garantir la pleine mise en œuvre.