Archives pour la catégorie diplomatie

RDC-Rwanda : Washington scelle un accord fragile, l’Afrique jauge le prix de la paix

Le 4 décembre 2025, Félix Tshisekedi et Paul Kagame ont signé un protocole de coopération à Washington, dans une cérémonie orchestrée par les États-Unis d’Amérique. Derrière le spectacle diplomatique, la paix reste incertaine : sur le terrain, la violence perdure et les enjeux stratégiques et économiques mettent à l’épreuve la stabilité de la région des Grands Lacs.

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L’accord signé dans la capitale américaine illustre la complexité de la diplomatie africaine contemporaine : un texte symbolique, certes ambitieux, mais dont la mise en œuvre concrète déterminera si la paix pourra réellement s’installer. Les populations congolaises, premières victimes des conflits, attendent des actes plutôt que des mots.

Un protocole sous haute surveillance internationale

À Washington, l’Institut des États-Unis pour la Paix, récemment rebaptisé Institut Donald-Trump pour la Paix, a été le théâtre d’une signature formelle entre les présidents de la République démocratique du Congo et du Rwanda. La cérémonie s’est déroulée en présence de délégations régionales et internationales, venues du Togo, de l’Ouganda, du Qatar et des Émirats arabes unis, conférant une dimension diplomatique élargie à un texte avant tout piloté depuis les États-Unis d’Amérique.

Le protocole prévoit le désarmement des groupes armés, la protection des populations déplacées, la coopération sécuritaire et le développement économique conjoint. Les dirigeants ont exprimé leur volonté de tracer un « nouveau chemin » vers la stabilité, mais ont reconnu les défis à surmonter. Félix Tshisekedi a souligné la difficulté du processus, tandis que Paul Kagame a rappelé que des décennies de méfiance et de conflits ne se résolvent pas par un geste protocolaire.

Sur le terrain, cependant, la situation reste critique. Dans le Nord-Kivu et le Sud-Kivu, le M23 contrôle toujours des zones stratégiques et les déplacements forcés, la violence et l’insécurité persistent. Pour les habitants, la paix demeure un objectif lointain et abstrait, et l’accord signé à Washington n’apporte pas de réponse immédiate aux réalités quotidiennes des populations.

Un équilibre fragile entre diplomatie et réalités africaines

L’accord met en lumière une tension entre symbolique diplomatique et enjeux concrets. Les États-Unis d’Amérique apparaissent comme un médiateur central, cherchant à stabiliser la région pour des motifs à la fois politiques et économiques. Les ressources minières de la République démocratique du Congo, essentielles pour l’industrie technologique mondiale, sont un facteur déterminant de la diplomatie, révélant que l’intérêt économique et la sécurité régionale sont intimement liés.

La fragilité de l’accord réside dans son éloignement des réalités locales. La confiance entre Kinshasa et Kigali, éprouvée depuis des décennies de conflits, ne se construit pas uniquement par des signatures ou des déclarations. Elle nécessite des engagements effectifs, des concessions concrètes et un contrôle strict sur la cessation réelle des hostilités. Sans cela, le protocole restera essentiellement symbolique.

Par ailleurs, cet épisode souligne la complexité de la diplomatie africaine dans un contexte globalisé. Les acteurs extérieurs, bien qu’influents, ne peuvent remplacer la responsabilité des États africains et la participation des communautés locales. La mise en œuvre effective du texte exigera une coordination rigoureuse, un suivi constant et une volonté politique forte, au-delà du théâtre protocolaire de Washington.

Enfin, l’accord rappelle que la paix est un processus long et fragile, qui ne se décrète pas par la signature d’un document mais se construit dans la durée, avec la participation active des populations et la prise en compte des intérêts stratégiques, sécuritaires et économiques de la région.

Un pari diplomatique à confirmer par les actes

L’accord entre Félix Tshisekedi et Paul Kagame illustre le paradoxe des initiatives internationales en Afrique : des textes ambitieux et médiatisés, porteurs d’espoir, mais fragiles face aux réalités du terrain. La communauté internationale, tout comme les dirigeants africains, devra démontrer que les engagements signés peuvent se traduire en actions concrètes et durables.

Pour la République démocratique du Congo et le Rwanda, ce protocole est un premier pas, conditionnel et incertain, vers la paix. Pour l’Afrique, il constitue un test de lucidité et de capacité à transformer les mots en actes tangibles. La vigilance, la patience et la rigueur seront essentielles pour que l’espoir diplomatique devienne réalité sécuritaire et sociale.

Celine Dou, La Boussole-infos

Israël restitue le corps d’un étudiant tanzanien pris en otage par le Hamas

Joshua Mollel, étudiant tanzanien de 21 ans, a été identifié parmi les corps restitués par le Hamas à Israël dans le cadre du cesse‑z‑le‑feu de 2025. Sa mort rappelle le sort des civils étrangers pris dans le conflit israélo-palestinien et met en lumière les dimensions diplomatiques et humanitaires de la crise.

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Identification et restitution du corps

Israël a confirmé que les restes rendus par le Hamas correspondent à Joshua Loitu Mollel, un étudiant tanzanien disparu lors de l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le Hamas. Le corps a été rendu dans le cadre des accords de cesse‑z‑le‑feu négociés avec la médiation américaine.

Les analyses médico-légales ont permis d’identifier de manière certaine Joshua, mettant ainsi un terme à plus de deux ans d’incertitude pour sa famille et la communauté internationale.

Qui était Joshua Mollel ?

Originaire de Tanzanie, Joshua Mollel avait 21 ans et participait à un programme d’expérience agricole dans le kibbutz Nahal Oz, dans le sud d’Israël. Son séjour visait à acquérir des compétences qu’il comptait ramener dans son pays à l’issue de ses études.

Le jeune homme faisait partie des nombreux étrangers présents dans les kibboutzim au moment de l’attaque, qui visaient à la fois des civils israéliens et des travailleurs étrangers.

Réactions officielles

Le gouvernement israélien a exprimé ses condoléances à la famille de Joshua, soulignant que la restitution de son corps était une priorité humanitaire dans le cadre de l’accord de trêve.

Du côté tanzanien, les autorités avaient déjà confirmé sa mort en décembre 2023 et ont été informées officiellement de l’identification de ses restes. Les organisations de soutien aux familles des otages ont salué la médiation internationale, qui a permis cette restitution.

Contexte du conflit

L’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 a été l’un des épisodes les plus meurtriers de la dernière escalade israélo-palestinienne, faisant de nombreuses victimes civiles et étrangères. De nombreux otages ont été emmenés à Gaza, et seuls certains ont été restitués à ce jour.

La restitution des corps s’inscrit dans un processus plus large visant à négocier le retour des otages encore détenus, ainsi que le maintien du cesse‑z‑le‑feu et la réduction de la tension dans la région.

Enjeux humanitaires et diplomatiques

Le cas de Joshua Mollel illustre plusieurs aspects clés de la crise :

  • Humain : La douleur et l’incertitude prolongées pour les familles des victimes étrangères.
  • Diplomatique : Le rôle central de la médiation internationale, notamment américaine, dans la récupération des corps et la gestion des otages.
  • Image et communication : Pour Israël, la restitution des corps est un moyen de montrer sa capacité à protéger et honorer les victimes civiles, y compris étrangères.

Cette affaire rappelle aussi que les conflits israélo-palestiniens affectent non seulement les populations locales mais aussi des ressortissants étrangers engagés dans des programmes éducatifs, humanitaires ou professionnels.

La restitution du corps de Joshua Mollel marque un moment symbolique et tragique dans le conflit israélo-palestinien, mettant en lumière les dimensions humanitaires et diplomatiques souvent occultées par les seules opérations militaires. Elle souligne la nécessité de continuer les efforts de médiation pour sécuriser le retour des otages restants et protéger les civils étrangers dans la région.

Celine Dou

Rapprochement stratégique États-Unis–Arabie saoudite : F-35, nucléaire civil et nouvelle dynamique autour d’Israël

En visite à Washington, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane a consolidé un rapprochement stratégique avec les États-Unis autour de trois axes majeurs : l’accès aux avions de combat F-35, le développement du nucléaire civil et une nouvelle équation diplomatique dans le dossier israélo-palestinien. Une séquence qui rebat les cartes des équilibres régionaux, entre ambitions américaines, calculs saoudiens et recomposition du Moyen-Orient.

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Un déplacement qui consacre un tournant politique

La visite de Mohammed ben Salmane (MBS) à Washington marque un changement notable dans les relations entre Riyad et l’administration américaine. Après des années de tensions autour de l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, Donald Trump désormais revenu au centre du jeu politique américain a publiquement défendu le prince héritier, estimant qu’aucune preuve “définitive” ne permettait de l’incriminer.
Cette position constitue une forme de réhabilitation politique de MBS aux yeux de Washington, ouvrant la voie à une coopération stratégique élargie.

Vers une vente historique de F-35 à Riyad

Au cœur des discussions, un dossier longtemps considéré comme intouchable : la possible vente d’avions de combat F-35 à l’Arabie saoudite.
Ce transfert, s’il se concrétise, représenterait un changement majeur dans la politique américaine au Moyen-Orient, les États-Unis ayant jusqu’ici réservé cet appareil à Israël pour préserver son avantage militaire qualitatif.

Selon plusieurs sources américaines, Washington étudie désormais la faisabilité d’un accord, tandis que Riyad insiste pour obtenir les garanties technologiques et opérationnelles nécessaires. Pour les États-Unis, l’enjeu dépasse le seul commerce d’armes : il s’agit aussi de consolider une alliance face aux ambitions iraniennes et à l’influence croissante de la Chine dans la région.

Une coopération nucléaire civile en discussion

Le deuxième pilier du rapprochement concerne le développement du nucléairqe civil saoudien. Riyad souhaite acquérir aa technologies nécessaires pour lancer un programme de grande ampleur, incluant potentiellement l’enrichissement d’uranium sur son sol.
Les États-Unis, prudents sur les risques de prolifération, envisagent d’encadrer ce partenariat par un strict dispositif de contrôle, mais voient dans cette coopération une manière de contenir les avancées chinoises dans le secteur énergétique saoudien.

La normalisation avec Israël au centre des négociations

Le troisième volet le plus politique porte sur la normalisation entre l’Arabie saoudite et Israël.
Riyad a réaffirmé à Washington que toute reconnaissance officielle de l’État hébreu serait conditionnée à la création d’un État palestinien viable, avec des garanties territoriales et sécuritaires.
L’Arabie saoudite cherche ainsi à se positionner comme un acteur stabilisateur et à obtenir des concessions israéliennes substantielles, tout en préservant son rôle de puissance musulmane centrale.

Pour les États-Unis, cette séquence offre une opportunité diplomatique : relancer une dynamique de paix affaiblie par les années de conflit et les récentes tensions à Gaza.

Une recomposition régionale en accélération

L’ensemble de ces développements traduit une évolution profonde des équilibres au Moyen-Orient.
Washington entend consolider ses alliances traditionnelles, Riyad veut diversifier ses partenariats tout en renforçant ses capacités militaires et technologiques, et Israël cherche à sécuriser une normalisation considérée comme structurante pour sa sécurité.

Ce nouveau triangle stratégique États-Unis–Arabie saoudite–Israël pourrait redéfinir la trajectoire géopolitique de la région dans les années à venir, notamment si les discussions autour des F-35 et du nucléaire civil aboutissent.
La visite de MBS à Washington apparaît ainsi comme un moment charnière, où convergent intérêts militaires, ambitions énergétiques et enjeux diplomatiques de long terme.

Celine Dou

Le Conseil de sécurité de l’ONU approuve le plan de paix de Trump pour Gaza

Le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi la résolution américaine soutenant le plan de paix de Donald Trump pour Gaza, ouvrant la voie au déploiement d’une force internationale de stabilisation. Cette décision intervient dans le cadre d’un cessez-le-feu fragile entre Israël et le Hamas, et suscite à la fois espoirs de reconstruction et critiques sur la tutelle internationale imposée aux Palestiniens.

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Treize des quinze membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur de la résolution, tandis que la Russie et la Chine se sont abstenues sans utiliser leur droit de veto. L’ambassadeur américain à l’ONU, Mike Waltz, a salué le vote comme « historique et constructif », tandis que Donald Trump a remercié les pays siégeant au Conseil de sécurité sur Truth Social, y compris ceux qui se sont abstenus.

La résolution endosse le plan en 20 points présenté par Trump et autorise la mise en place d’une Force de stabilisation internationale (ISF) chargée de la sécurisation des frontières avec Israël et l’Égypte, de la démilitarisation de Gaza, du désarmement des groupes armés non étatiques, de la protection des civils et de la formation d’une police palestinienne.

La résolution prévoit également la création d’un Comité de la paix, organe de gouvernance intérimaire jusqu’à la réforme de l’Autorité palestinienne, mandaté jusqu’au 31 décembre 2027 et devant être présidé par Donald Trump selon le plan annexé.

Réactions et positions

  • Israël : le Premier ministre Benjamin Netanyahou rejette toujours l’idée d’un État palestinien, malgré la mention de cette possibilité dans la résolution.
  • Hamas : dénonce le mécanisme de tutelle internationale et la mission de désarmement des groupes palestiniens, affirmant que la résolution « ne répond pas aux exigences et aux droits politiques et humains » des Palestiniens.
  • France : satisfaite du vote, elle considère que la résolution « répond aux besoins les plus urgents des populations et permet de soutenir les efforts de paix en cours », en insistant sur l’inclusion de références à la perspective d’un État palestinien.
  • Russie et Chine : abstention, marquant leur scepticisme quant à l’application du plan et au rôle prépondérant des États-Unis.

Cette résolution constitue un tournant diplomatique dans le conflit israélo-palestinien, en légitimant la mise en place d’une force internationale capable de stabiliser Gaza. Cependant, le plan repose sur des conditions politiques et sécuritaires sensibles, notamment le désarmement du Hamas et la réforme de l’Autorité palestinienne. Le rôle central de Donald Trump, à la tête du Comité de la paix, confère aux États-Unis un levier stratégique majeur dans la région, ce qui suscite des critiques sur l’impartialité du processus.

Le maintien du cessez-le-feu fragile et la reconstruction de Gaza dépendront de la capacité des acteurs internationaux et locaux à mettre en œuvre le plan dans un climat de confiance et de sécurité, un défi considérable compte tenu des tensions persistantes et des blessures laissées par les conflits des deux dernières années.

Celine Dou