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ISRAËL – SYRIE | Visite du Premier ministre israélien auprès des troupes déployées

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a suscité une vive réaction de Damas en se rendant auprès de troupes israéliennes stationnées dans une zone tampon en territoire syrien, au-delà de la ligne de démarcation. La visite, effectuée le 19 novembre 2025, intervient dans un contexte de tensions persistantes et de rivalités stratégiques dans la région du Levant

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Une démarche militaire et symbolique

Accompagné de hauts responsables militaires et ministériels, Netanyahu a rencontré les soldats déployés sur le terrain. Selon le chef d’état-major israélien, cette implantation vise à renforcer la capacité de dissuasion face aux menaces locales et à assurer la sécurité de la frontière nord d’Israël. La visite souligne également la volonté israélienne de maintenir une présence stratégique dans le sud syrien, notamment au niveau du plateau du Golan.

Réactions syriennes et internationales

Le gouvernement syrien a qualifié cette visite de grave violation de sa souveraineté et d’acte illégal. Le ministère des Affaires étrangères de Damas a dénoncé un fait accompli imposé par Israël, en contradiction avec les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies relatives à la zone tampon instaurée après la guerre de 1973.

Le Secrétaire général de l’ONU, par l’intermédiaire de son porte-parole, a exprimé sa préoccupation, rappelant que la zone tampon devait rester neutre conformément à l’accord de désengagement de 1974. Plusieurs pays de la région ont également exprimé leur inquiétude quant aux risques de déstabilisation régionale et de montée des tensions militaires.

Contexte géopolitique

Israël renforce sa présence militaire en Syrie depuis plusieurs années, considérant cette implantation comme stratégique pour la surveillance et la protection de ses frontières. Pour la Syrie, cette présence constitue un affront politique et diplomatique, entravant toute perspective de négociation sur un accord de sécurité régional. Les tensions autour de la zone tampon reflètent les rivalités persistantes entre Israël et Damas, ainsi que l’importance stratégique du plateau du Golan pour les deux parties.

Perspectives et enjeux

La visite de Netanyahu illustre la complexité de la situation sécuritaire et diplomatique au Moyen-Orient, où la présence militaire israélienne est perçue comme un instrument de pression politique. Le risque d’escalade militaire demeure, tandis que la communauté internationale est confrontée à la nécessité de faire respecter les accords existants tout en évitant une aggravation des tensions régionales.

Celine Dou

Syrie–Chine : Damas envisagerait de remettre des jihadistes ouïghours à Pékin, malgré un démenti officiel

Alors que plusieurs sources proches du gouvernement syrien affirment que Damas s’apprête à transférer à la Chine des combattants ouïghours jihadistes présents sur son territoire, le ministère syrien des Affaires étrangères dément catégoriquement. Une controverse qui intervient au moment où Pékin et Damas renforcent leur coopération sécuritaire, sur fond d’enjeux géopolitiques croisés au Moyen-Orient et en Asie centrale.

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Syrie post-Assad : la guerre est finie, le commerce de la drogue continue

La fin d’un régime n’efface pas les logiques qu’il a créées. En Syrie, la chute de Bachar el-Assad n’a pas détruit l’économie du Captagon ; elle l’a libérée.

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Lorsque le régime Assad s’est effondré, beaucoup ont cru à la fin d’une ère de violence et de prédation. Mais la Syrie post-Assad révèle une vérité plus dérangeante : la guerre ne meurt pas avec les armes, elle se prolonge dans les circuits économiques qu’elle a engendrés. Le Captagon, cette amphétamine jadis fabriquée pour financer l’effort de guerre, est devenu le symbole de cette mutation : la transformation d’un État militarisé en archipel criminel.

Un pays sans État, mais avec un système

Sous Assad, le Captagon servait à contourner les sanctions, à acheter des loyautés et à financer les opérations militaires. Ce n’était pas un simple trafic : c’était une économie politique du pouvoir, un outil de survie d’un régime assiégé.
Mais en s’effondrant, le régime a légué ses réseaux, ses savoir-faire, et ses logiques de rente à une multitude d’acteurs milices locales, anciens officiers, tribus frontalières, groupes armés étrangers.

Loin de disparaître, le système s’est décentralisé. Le pouvoir s’est dilué, mais la logique de prédation a survécu. Le Captagon est devenu la colonne vertébrale d’un nouvel ordre : un ordre sans État, mais structuré par la continuité du profit et du contrôle.

De la guerre économique à l’économie du désordre

Le Captagon n’est pas qu’une drogue syrienne : c’est le produit d’un vide international. Les puissances régionales Arabie saoudite, Turquie, Iran tolèrent ou exploitent le commerce pour maintenir leurs zones d’influence.
L’Europe, focalisée sur la question migratoire, réagit par saisies sporadiques mais sans stratégie globale.
Résultat : un marché mondial estimé à plusieurs milliards de dollars par an, qui prospère sur la faillite de la reconstruction.

Là où l’on attendait la paix, c’est l’économie de guerre qui a survécu, mais sous une autre forme : celle du commerce illicite. Le Captagon incarne cette transition perverse, où la fin du conflit ne débouche pas sur la stabilisation, mais sur la privatisation du chaos.

Le Captagon comme métaphore géopolitique

La Syrie post-Assad est moins un État qu’un territoire circulatoire : un hub du désordre mondial.
Les routes de la drogue croisent celles des réfugiés, des armes et des capitaux. Chaque cargaison reflète une dynamique plus large : la dérégulation du monde.
Le Captagon devient ainsi la métaphore chimique d’un ordre global sans souveraineté un monde où la guerre, la finance et le crime convergent.

La paix sans reconstruction : une illusion

La communauté internationale parle de « stabilisation », mais comment stabiliser un pays dont la survie économique repose sur le trafic ?
Le Captagon révèle un paradoxe cruel : la paix n’existe pas sans justice économique. Tant que les populations n’auront d’autre horizon que l’économie de la poudre, la Syrie restera un espace de guerre déguisée.

Le Captagon n’est pas une dérive post-Assad, mais la continuité d’un modèle : celui d’une gouvernance par la rente, de la survie par le crime et du silence international.
Il démontre que dans le monde contemporain, la guerre n’est plus un accident politique, mais une condition économique.

Celine Dou